160.000 réfugiés : Juncker veut un feu vert des 28 dans les cinq jours

160.000 réfugiés : Juncker veut un feu vert des 28 dans les cinq jours

Dans son discours sur l'état de l'Union, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a demandé mercredi aux Européens de faire preuve d'audace et de solidarité


Jean-Claude Juncker fait monter la pression: il demande aux capitales de l'UE d'accepter dès lundi prochain les 160.000 réfugiés qu'il veut voir répartis d'ici à deux ans, grâce à un nouveau mécanisme permanent et obligatoire.

«Ces gens, nous devons les accueillir dans nos bras, et cette fois, j'espère que tout le monde sera à bord», a lancé mercredi le président de la Commission devant les eurodéputés, à Strasbourg. «La proposition doit être adoptée lors du conseil du 14 septembre», insiste-t-il. Les ministres de l'Intérieur et de la Justice des vingt-huit pays se retrouveront lundi à Bruxelles pour en décider, avant un éventuel sommet avant la mi-octobre.

Jean-Claude Juncker revient à la charge pour la 3e fois en faveur d'un mécanisme contraignant, initialement proposé au printemps. «Nous ne découvrons pas le problème, nous savions». Dans l'intervalle, le contingent à répartir est passé de 40.000 à 160.000 et le chef de la Commission s'impatiente comme Berlin, Paris et Rome. «La crise ne va pas se résoudre d'elle-même, dit-il. Rejeter la faute d'un pays de l'UE sur l'autre n'aide sûrement pas les migrants. Cela montre plutôt des responsables politiques dépassés par les événements».

0,1 % des 500 millions d'Européens

Le chef de l'exécutif européen se garde de stigmatiser les oppositions connues, à Madrid, Budapest, Prague, Bratislava et Varsovie. Mais il les renvoie à leur histoire récente, sur un continent «où nous avons tous connu la question des réfugiés». Pêle-mêle, il cite l'exil des Républicains espagnols après 1937, l'exode des anticommunistes hongrois en 1956, celui des Tchèques et des Slovaques après l'invasion de 1968 et pour finir «les 20 millions de Polonais» qui vivent encore hors de Pologne.

«Non, nous ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde. Mais nous avons les moyens de recevoir des réfugiés qui ne représentent que 0,1 %» des 500 millions d'Européens, poursuit Jean-Claude Juncker. A Strasbourg, l'hémicycle a fini par applaudir les noms du Liban, de la Jordanie, de la Turquie et de l'Egypte qui «bien plus pauvres que nous déploient des efforts herculéens» pour accueillir, ensemble, près de 4 millions de réfugiés.

De la droite à la gauche, les grands groupes politiques de l'UE sont acquis aux quotas contraignants poussés par la Commission, laissant l'extrême droite et les populistes à peu près isolés. Après les capitales, les eurodéputés auront leur mot à dire puisque le système «permanent et obligatoire» voulu par Jean-Claude Juncker impose de modifier les lois européennes existantes.