Réfugiés: «Tout le monde se réveille en retard, mais on se réveille»

Réfugiés: «Tout le monde se réveille en retard, mais on se réveille»

Le PS organisait mardi soir un meeting en soutien aux réfugiés. Une soirée marquée par quelques petits incidents et le témoignage de Jinan, une jeune femme yézidie.


Mardi soir, on s’est pointé au Cirque d’hiver. Au programme, un meeting, organisé par le Parti Socialiste, en soutien aux migrants. Aux côtés d’Anne Hidalgo, Jean-Christophe Cambadélis ou Jean-Marc Ayrault, des invités plus «people», comme Virginie Ledoyen ou Jane Birkin. Les militants socialistes arrivent lentement, près de 800 âmes. Le cirque d’hiver affiche presque complet. Les drapeaux de la France et du PS flottent. Très vite, les premiers débordements. A l’extérieur, une petite troupe gronde contre la «récupération des socialistes». A l’intérieur, des participants, certains du Parti de Gauche, d’autres du collectif «La Chapelle-Austerlitz», accusent le PS de se réveiller trop tard. Ils pointent du doigt la mairie de Paris et sa gestion des campements de réfugiés dans la capitale. La sécurité, en force, sort les muscles et les contestataires sous les applaudissements des militants. Ambiance.

Au fil de la soirée, les élus et invités se succèdent sur le pupitre. Anne Hidalgo parle du «petit garçon, un symbole planétaire», de Paris («ville monde, ville refuge») et des «passeurs qu’il faut combattre». Elle met fin à son intervention. Le moment choisi par Claude Bartolone pour arriver sous les applaudissements, les drapeaux et les flashs. Les élections régionales approchent et le président de l’Assemblée nationale est en campagne. Les minutes passent. Les maires des villes solidaires (celles qui accueillent les réfugiés) témoignent. Virginie Ledoyen quitte le cirque. Elle lâche une phrase: «Tout le monde se réveille en retard mais on se réveille.» Tout le monde, c’est les politiques, la presse et la population. Puis, Robert Badinter apparaît sur une vidéo. Il parle de la«République». Il cite Jaurès, Blum. La salle se lève: l’effet Badinter.

«J’étais torturée, enchaînée, obligée de boire de l’eau avec des souris mortes.»

Au Cirque d’hiver, l’ambiance est particulière. Les politiques placent de l’émotion entre chaque mot. Parfois, ils laissent des blancs. Les militants, eux, restent silencieux. Soudain, Jinan, jeune femme yézidie qui a été esclave de l’EI pendant douze semaines, arrive. Elle convoque le réel. Aucune émotion dans le visage. Pareil pour la voix. La jeune fille qui publie un livre sur son calvaire parle de sa détention. Ça donne: «J’ai 19 ans je suis jeune fille yézidie et je remercie la France qui est devenue le tribunal qui a accueilli mon témoignage. J’étais esclave captive de Daech pendant 3 mois. J’étais torturée pendant 3 mois, enchaînée, obligée de boire de l’eau avec des souris mortes.» Glaçant. La salle écoute la vie sans broncher. Jinan quitte le pupitre. Et s’éclipse discrètement, sous les regards.

22 heures: la fin de soirée approche. Jean-Christophe Cambadélis, l’hôte, grimpe pour la conclusion. Il plonge, comme ses camarades, dans l'émotion. Il se tient droit. Regard fixe. Débit lent. Les paroles du premier secrétaire du PS sont belles: «Ils marchent. Ils laissent des parents, des amis, des souvenirs. Tout ce qui fait une vie.» Enfin, il se félicite que François Hollande ait repris l’idée d’une grande conférence sur les réfugiés à Paris. Après les mots, les élus se retrouvent sur scène. Le DJ balance la Marseillaise avant Douce France version Carte de séjour et Rachid Taha. Un mélange en guise de symbole.