Pris dans la tourmente de la pandémie, il met 9 semaines pour rentrer chez lui

Pris dans la tourmente de la pandémie, il met 9 semaines pour rentrer chez lui
Invité en Californie – USA - pour des conférences et des interventions, Mark Gonzales est un auteur américain qui habite en Tunisie une partie de l'année avec sa femme et ses deux filles. Il n’est pas prés d’oublier ce voyage qu’il pensait « rapide ».  Il a mis 7 semaines pour retrouver les siens.  Version covid-19 du film « le terminal » 

"Au moment où j'ai quitté la Tunisie, le Covid-19 étaient déjà dans l'actualité et les bilans commençaient à monter, mais je n'avais pas entendu parler de problèmes pour les voyageurs". « Tout va bien se passer », pensait Mark Gonzales, auteur américain vivant en Tunisie et invité à San Francisco pour des conférences, "c'est juste un voyage rapide".  
Mais à l'atterrissage à San Francisco, il voit déjà les choses évoluer très rapidement : aéroport vide, port du masque généralisé, changement par vidéo conférence de l’intervention qu’il devait donner. 
Puis tout s’accélére :   fermeture de l’Université Stanford qui l’a invité, annulation des autres interventions qu’il devait donner … Puis, l’Italie annonce la fermeture de ses frontières. "Tous ceux qui voyagent à l’international savent qu’il y a un effet domino : quand un pays instaure des mesures, les autres nations suivent" raconte l'intellectuel. "Cela a été un signal d’alarme pour moi : il fallait que je rentre à la maison."
Commence alors pour lui une longue série de tracas et de soucis causés par les restrictions gouvernementales américaines du fait de la pandémie du covid-19 : attentes interminables, complicatoins administratives, confusions, panique, pas de billets, pas de places dans les avions, pas de réponses des compagnies aériennes, vols annulés, aéroports fermés les uns après les autres… 
Après 7 semaines, Mark Gonzales parvient à prendre un avion pour Paris au départ de San Francisco, via Atlanta. Ces deux aéroports internationaux ont accueilli plus de 165 millions de voyageurs à eux deux en 2019. Cette fois-ci ils sont déserts. Mais pour notre voyageur, les soucis ne s’arrêtent pas là.
Le 6 mai, "j'atterris à l’aéroport Roissy Charle de Gaulle, prêt à prendre mon vol de correspondance pour Tunis, sur Tunis Air. J'arrive au guichet de la compagnie et là, les agents me disent « votre nom n'est pas sur la liste des passagers ».  Ils m’ont dit « désolé mais l’avion doit partir ». Et ils sont partis ! 
M.Gonzales se retrouve alors dans un terminal de l'aéroport Charles de Gaulle pratiquement vide. Sa femme Soraya, qui est citoyenne tunisienne, contacte de son côté le consulat, les douanes et l'aéroport pour tenter de résoudre la situation. Sans succès ! Commence alors pour lui la version covid-19 du film « le terminal » 
Il décide d'attendre un éventuel prochain vol, sans pouvoir quitter l'aéroport en raison du confinement en vigueur en France. Le « Tom Hanks » du Covid-19 passera plusieurs nuits sur un lit de camp mis à disposition par le personnel de l'aéroport Charles de Gaulle. Tous les restaurants et magasins de l'aéroport sont fermés ; il se nourrit grâce aux distributeurs automatiques.
Au bout de 3 jours de solitude et d’errance, un écran annonce un vol Air France pour Tunis. Il explique alors toute son histoire aux agents d’Air France présents à la porte d'embarquement : les vols annulés, les trois jours passés à dormir dans l'aéroport... Mark peut enfin embarquer direction Tunis. 
A l'arrivée, la Tunisie ayant fermé ses frontières et imposé une quarantaine pour chaque arrivant à l'aéroport de Tunis-Carthage, Mark Gonzales est directement transféré en bus dans un hôtel à Hammamet, transformé pendant la crise sanitaire en centre d'accueil. 
Il y séjournera 15 jours. 
Sa température est surveillée une fois par jour par une docteure. Il peut dormir dans un vrai lit et s'en est fini des sandwichs d'aéroports, de vrais repas lui sont montés dans sa chambre.

Musulman pratiquant, il n’a pas abandonné son jeûne du mois du ramadan tout au long de ses péripéties transcontinentales. Pour lui, ce temps sacré, déjà propice à la réflexion personnelle, a pris un sens tout particulier durant la pandémie. Le ramadan et le coronavirus "remettent tout deux en question nos habitudes, comme aller au restaurant ou certains conforts. Cela nous force à faire face à des questions que nous voulons éviter d'habitude. C'est à ce moment que l'on peut trouver de nouvelles vérités, un nouvelles sagesse".
A la fin de cette quarantaine, quand M. Gonzales pourra retrouver ses proches, ils auront été séparés près de 9 semaines. "… la leçon que je tire de cette histoire personnelle et de ce moment de notre Histoire c’est que, quand tout commence à s'écrouler et le contrôle semble nous échapper, quand nous ne pouvons plus nous rassembler et créer des liens, les choses qui nous considérions auparavant comme acquises deviennent plus claires".