Yadh Ben Achour : « Le recours à l’article 80 est un simple alibi qui ne peut tromper que les gens naïfs »

Yadh Ben Achour : « Le recours à l’article 80 est un simple alibi qui ne peut tromper que les gens naïfs »
Yadh Ben Achour, juriste, universitaire, spécialiste des théories politiques islamiques et de droit public s’est exprimé concernant les mesures et décisions prises par le président de la République, Kais Saïed, dans un entretien accordé à La Presse, publié aujourd’hui, mardi 27 juillet 2021.

Il a confié au média tunisien qu’il s’agit selon lui d’un coup d’Etat « nous assistions à un coup d’État permanent contre la Constitution ».

« C’était programmé. La fameuse lettre du 13 mai 2021 n’était pas un canular, mais un projet réel et planifié tendant à renverser la Constitution, par le recours à l’article 80 de la Constitution. C’est chose faite », a-t-il insisté.

Yadh Ben Achour a expliqué néanmoins que cette situation était pour le moins inéluctable, « la gestion de l’État par le parti majoritaire à l’Assemblée des représentants du peuple avait provoqué une sorte de « dégoût social » contre l’islamisme politique, ce qui explique d’ailleurs les manifestations de liesse que nous avons vécues dans la nuit du 25 au 26 juillet. »

En réponse à la journaliste, le juriste a expliqué que le recours à l’article 80 est « un simple alibi qui ne peut tromper que les gens naïfs ou ceux qui, par hostilité radicale contre l’ensemble du système des partis, la mascarade parlementaire et les dirigeants politiques en place, sont prêts à accepter n’importe quoi pour mettre fin à la situation déplorable dans laquelle se trouve aujourd’hui le pays. »

Il a également insisté sur l’importance de la séparation des pouvoirs déplorant que nous fassions face actuellement à « l’expression même de la dictature ».

« Le Président devient l’autorité exécutive exclusive et suprême, l’autorité législative et, fait incroyable, l’autorité judiciaire également. Cela dépasse l’imagination. Il sera très difficile de faire marche arrière. Le Président sera obligé de jouer la surenchère permanente. Je ne crois pas que le délai d’un mois sera respecté. » a-t-il indiqué.