La provocation de Nicolas Sarkozy

La provocation de Nicolas Sarkozy

En visite lundi 20 juillet à Tunis, Nicolas Sarkozy a commis un dérapage en s’interrogeant, lors d’un point de presse, sur l’avenir de l’Algérie. « L’Algérie, qu’en sera-t-il dans l’avenir ? De son développement, de sa situation ? C’est un sujet qui, me semble-t-il, doit être traité dans l’Union de la Méditerranée », a-t-il lancé devant la presse locale et internationale.


Pour le président des Républicains (ex-UMP, droite), la Tunisie est une véritable démocratie qui est victime de sa position géographique, car coincée entre une Libye « malheureuse » et une Algérie dont l’avenir serait incertain. Des propos d’une extrême gravité pour l’ancien chef d’État de l’ex-puissance coloniale.

Pour avoir dirigé la France pendant cinq ans, Nicolas Sarkozy sait que la relation algéro-française est sensible. Ces propos constituent donc une provocation volontaire. Mais dans quel but ?

En tenant de tels propos sur l’Algérie, Nicolas Sarkozy cherche d’abord à gêner François Hollande. Son successeur à l’Elysée entretient en effet d’excellentes relations avec l’Algérie, devenue le principal partenaire politique de la France dans le Maghreb alors que Nicolas Sarkozy n’a jamais caché sa préférence pour le Maroc. À travers ses propos, Nicolas Sarkozy insinue que Paris mise sur le mauvais cheval au Maghreb.

Ensuite, Nicolas Sarkozy cherche aussi à se démarquer de François Hollande concernant le pouvoir algérien. L’actuel président français a suscité la colère et l’indignation de nombreux Algériens quand il a affirmé récemment que le président Bouteflika se portait très bien et qu’il gérait bien l’Algérie. En s’interrogeant sur l’avenir de l’Algérie, Nicolas Sarkozy suggère le contraire. Il pourrait espérer gagner la sympathie d’électeurs français d’origine algérienne hostiles au pouvoir et à Bouteflika.

Enfin, Nicolas Sarkozy cherche à minimiser son propre rôle et celui de la France dans le chaos libyen. Un chaos qui a des répercussions directes sur la Tunisie – le terroriste de Sousse s’est entraîné en Libye –. D’ailleurs, l’ancien président français va plus loin en défendant son intervention militaire en Libye. Au passage, il envoie une pique à son successeur à l’Elysée, le président François Hollande, en regrettant que la Libye soit abandonnée à son sort depuis trois ans. C’est-à-dire depuis 2012 et sa défaite aux présidentielles françaises.

Une nouvelle fois, l’Algérie est un sujet de politique intérieure en France. Tout comme l’islam, elle pourrait figurer en bonne place dans la bataille électorale de 2017.