The Guardian : Londres soutient le gouvernement Chahed aux dépens des protestataires

Londres aurait financé une officine internationale de com, Saatchi M&C, pour soigner l’image du gouvernement Youssef Chahed après les troubles survenus en janvier 2018, d’après ‘’The Guardian’’. Une vague de grogne populaire avait balayé le pays en réaction à l’adoption d’une loi des finances controversée.
D’après le journal, la Grande Bretagne a conclu une transaction avec la société en question pour ‘’piloter une campagne ciblant le peuple tunisien dans son face-à-face avec le gouvernement Chahed’’.
The Guardian affirme que Saatchi, via des médias locaux, avait fait la propotion du rôle du gouvernement tunisien ‘’en matière de planification et de mise en œuvre des réformes économiques en cours, dans le cadre d’un plan soutenu par le Fonds monétaire international en faveur de la réduction du défit budgétaire et de l’impulsion du développement’’.
Saatchi M&C, ajoute le journal londonien, dispose d’une plateforme opérationnelle en Tunisie.
Dans une première étape de sa campagne, elle a ciblé les jeunes de la tranche d’âge des 18-35 ans en tant que fers de lance des protestations contre le relèvement des prix des denrées de base et la mise en place de nouveaux impôts, conditions imposées par le FMI pour l’attribution à la Tunisie d’un prêt de 2,9 milliards de dollars.
Toujours selon le Guardian, le gouvernement britannique a financé la société de com en question par le biais du Fonds pour la sécurité et la stabilité (CSSF), créé grâce à des subventions publiques de ministère du développement et du Foreign Office, indiquant que le Parlement britannique avait diligenté un audit sur les financements et le mode de fonctionnement du CSSF ‘’qui soulèvent des doutes’’.
Le gouvernement britannique, ajoute le Guardian, aurait agi de la sorte pour renforcer les moyens déjà en place en Afrique du nord ‘’après le classement de cette région par des responsables gouvernementaux comme terre d’extrêmisme et comme source principale de migrants vers l’Europe’’.
Selon le député travailliste Lloyd Russel-Moyle cité par le journal, ‘’le fait de dépenser de l’argent public, par le gouvernement, pour financer une campagne contre des revendications populaires en faveur de la réduction des prix en Tunisie est risible, faisant état de présomptions de corruption autour du CSSF. Il a précisé que le Parlement britannique enquête sur le mode de fonctionnement du fonds, surtout sur fond de violation de droits de l’Homme qu’il a soutenue indirectement lors des protestations de janvier dernier.
D’autre part et d’après le directeur exécutif de la fondation War on Want, lui aussi cité par le Guardian, dans son article, ‘’la plupart des projets mis en œuvre par le Royaume Uni en Tunisie soutiennent le gouvernement au détriment des causes économiques et humanitaires’’, trouvant ‘’choquant’’ que des sociétés britanniques soutiennent des gouvernements pour les aider à imposer des politiques dures.
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