Retour de Kais Saïed en Tunisie : Bilan de sa visite officielle en Egypte

Retour de Kais Saïed en Tunisie : Bilan de sa visite officielle en Egypte
Le président de la République, Kais Saïed est revenu en Tunisie, hier soir, dimanche 11 avril 2021, après avoir achevé une visite officielle de trois jours en Egypte à l’invitation de son homologue égyptien, Abdel Fattah Al Sissi.

Cette rencontre, qualifiée « d’historique » par la presse égyptienne, avait pour principale finalité de traiter les questions relatives aux échéances bilatérales, les questions régionales et internationales d'intérêt commun.

Lors de son arrivée vendredi, Kais Saïed a été accueilli à sa descente d’avion en personne par le président Al Sissi qui l’a également accompagné personnellement au pied de l’avion avant son retour dimanche.

Une conférence de presse conjointe des présidents Saïed et Al-Sissi a été tenue au terme d'entretiens bilatéraux, suivis d'une séance élargie qui a regroupé les délégations des deux pays. Kaïs Saïed, a déclaré lors de cette que "la sécurité nationale de l'Egypte relève de la sécurité nationale de la Tunisie et la position de l'Egypte dans tout forum international sera la même que celle de la Tunisie en ce qui concerne la répartition équitable de eaux du Nil".

L'Egypte et le Soudan (pays en aval) considèrent que la construction par l'Ethiopie (pays source) du barrage "Renaissance" sur le Nil, qui devrait être le plus grand projet d'énergie hydraulique en Afrique, constitue une menace pour leurs cours d'eau respectifs.

Les concertations entre les ministres des Affaires étrangères de l'Egypte, de l'Ethiopie et du Soudan au Congo n'avaient pas, en effet, abouti à un compromis sur ce barrage controversé.

Le chef de l'Etat a estimé que la question de la sécurité en de l'Egypte fait partie intégrante de la sécurité nationale arabe, formant l'espoir de parvenir à un accord global et équitable entre l'Ethiopie, pays source du Nil bleu, et les pays en aval, l'Egypte et le Soudan, pour la mise en route du barrage.

"La Tunisie n'acceptera jamais de porter atteinte à la sécurité en eau de l'Egypte", a affirmé Kaïs Saïed, exprimant son soutien aux efforts du président égyptien visant à identifier des solutions équitables.

Le président de la République a, par ailleurs, indiqué que les entretiens bilatéraux ont, également, porté sur les questions relatives aux échéances bilatérales ainsi que sur les questions régionales et internationales d'intérêt commun.

Ces entretiens ont, également, permis d'évoquer les moyens de prévention et de lutte contre les dangers auxquels la région fait face, dont notamment l'ingérence étrangère dans les décisions d'avenir des Etats arabes et la lutte contre le terrorisme.

Pour sa part, Abdel Fattah Al-Sissi a déclaré que les entretiens bilatéraux ont traduit la volonté commune de renforcer les relations privilégiées entre les deux pays frères et de les développer dans les différents domaines.

Il a souligné la détermination des deux parties à activer les cadres de coopération et les mécanismes de coordination bilatérale à tous les niveaux, face aux défis communs dont en premier lieu la réalisation du développement global, la lutte contre les interventions régionales négatives dans la région et la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme.

Al-Sissi a, dans ce contexte, mis en avant l'importance de raffermir la coopération dans la lutte contre le terrorisme sous toutes ses formes, appelant la communauté internationale à élaborer une approche globale pour lutter contre ce phénomène dans toutes ses dimensions sécuritaires, économiques, sociales et intellectuelles.

"Il est impératif de faire face à toutes les organisations terroristes, sans exception, et de saper leurs capacités de recruter de nouveaux éléments au vu des dangers qu'elles représentent sur la région et ses peuples", a-t-il insisté.

Sur le plan bilatéral, les deux chefs d'Etat ont souligné la nécessité d'accélérer la tenue des échéances bilatérales dont les réunions de la Haute commission mixte et la commission de concertation politique pour l'élaboration de nouvelles visions des relations bilatérales.

Ils ont, également, souligné la nécessité de diversifier les domaines de coopération et de les développer aux niveaux économique, commercial et d'investissement, rappelant que l'année 2021-2022 sera l'année de la culture tuniso-égyptienne.

Les deux parties ont, sur un autre plan, évoqué le développement de la situation en Libye qui a réussi à mettre en place un pouvoir exécutif, exprimant leur disposition à fournir l'appui nécessaire à ce pays pour la gestion de la période de transition jusqu'à l'organisation des élections en décembre prochain.

Les deux dirigeants ont, également, passé en revue les principales questions arabes, soulignant l'importance d'appuyer le travail arabe commun et de préserver la sécurité, l'unité et l'indépendance des pays arabes.

Ils ont également fait part de leur refus de toute ingérence étrangère dans les affaires intérieures des Etats arabes, mettant en avant la nécessité de poursuivre les efforts pour soutenir la cause palestinienne, la cause centrale du monde arabe.

Le Président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, a déclaré avoir convenu avec son hôte le président Kaïs Saïed, de proclamer 2021-2022, année de la culture tuniso-égyptienne.

Au cours d'une conférence de presse commune, tenue au Palais présidentiel al-Ittihadiya, au Caire, Al-Sissi a encore indiqué avoir examiné avec le président Saïed les moyens d’améliorer les divers aspects de la coopération culturelle entre les deux pays.

Le but étant de renforcer le rapprochement entre les deux peuples, a ajouté Al-Sissi et relevé le rôle important de la culture dans la lutte contre l’extrémisme idéologique dont font face les pays de la région.

Saïed et Al-Sissi ont indiqué l’activation des manifestations culturelles et artistiques communes en Egypte et en Tunisie, de façon qu’elles reflètent les relations historiques qui existent entre les deux peuples frères et contribuent à faire rayonner le patrimoine culturel et civilisationnel des deux pays.

Pour sa deuxième journée en Egypte, Kaïs Saïed s'est également entretenu avec le Premier ministre égyptien Mostafa Madbouli, qui l'avait reçu à son lieu de résidence au Palais d'Al-Qobba, au Caire.

Lors de cette rencontre il a été question d’examiner la possibilité du lancement d'une ligne maritime entre la Tunisie et l'Egypte, une possibilité que sera étudiée par une commission sectorielle des ministères tunisien et égyptien concernés.

Le Premier ministre a annoncé à cette occasion que la prochaine session de la Haute commission mixte tuniso-égyptienne se réunira à Tunis. Il a également salué les positions de la Tunisie vis-à-vis de la répartition équitable des eaux du Nil et du barrage "la Renaissance", érigé par l'Ethiopie sur le Nil bleu et a exprimé la volonté de son pays de consolider les liens de fraternité et les relations de coopération entre la Tunisie et l'Egypte.

Mostafa Madbouli a, par ailleurs, déclaré avoir évoqué avec le président Saïd l'expérience de la réforme économique en Egypte, en particulier le programme lancé en partenariat avec le Fonds Monétaire international et l'importance d'un programme d'échange de compétences avec la Tunisie dans ce domaine.

Selon le Premier ministre égyptien, la cause palestinienne et le dossier libyen ont aussi été passés en revue lors de la rencontre. L'accent a été mis sur la nécessité de continuer de soutenir les Libyens et de garantir la stabilité dans ce pays frère jusqu'aux prochaines élections, prévues avant la fin de l'année en cours.

Le président de la République a, au cours de cette rencontre, insisté sur la nécessité d'organiser, au plus vite, la Haute commission mixte et le Comité de concertation politique tuniso-égyptien pour assurer une évaluation globale des mécanismes de coopération et du partenariat et élaborer de nouvelles approches à même de promouvoir les relations bilatérales.

La Tunisie et l'Egypte, a-t-il dit, disposent d'opportunités prometteuses de partenariat dans de nombreux domaines.

Le président du Parlement arabe, Adel Ben Aberrahman Al-Assoumi, a qunat à lui déclaré au terme de sa rencontre avec le président de la République Kaïs Saïed, que "la Tunisie est l'un des pays majeurs du Parlement arabe".

Il a salué, dans une déclaration à la presse, le soutien apporté par la Tunisie au Parlement arabe, en particulier sur les questions arabes communes de l'heure et sur l'action future du parlement.

Al-Assoumi a, par ailleurs, fait savoir que la rencontre a porté sur plusieurs questions en lien avec le contexte actuel, comme la sécurité de l'eau dans la région et le dossier libyen.

Le président du Parlement arabe a, dans ce sens, évoqué le rôle que la Tunisie a joué dans la réconciliation des protagonistes libyens et son appui aux dossiers égyptien et soudanais (concernant le différend qui les oppose à l'Ethiopie au sujet de la construction du barrage de la Renaissance sur les eaux du Nil) et aux justes causes arabes, dont la cause palestinienne.

Au troisième jour de sa visite officielle en Egypte, le président Kais Saïed s'est rendu dans la localité de " Tabat-Al Shagara ", Est du canal de Suez, dans la ville d'Ismaïlia. Le chef de l'Etat était accompagné d'une délégation " restreinte ".

Kais Saïed a également rencontré le patriarche Tawadros à la cathédrale de la Nativité du Caire. Il a mis en exergue les spécificités de la culture tunisienne basée sur la cohabitation pacifique et le respect de la liberté religieuse et du droit de pratiquer les rites religieux.

Par la suite, le président de la République s'est rendu dans la mosquée Al-Fattah al-Alim, sur le site de la future capitale égyptienne, un méga projet en cours de réalisation.

Il s'est ensuite dirigé vers l'institution Al-Azhar où il a été reçu par le grand Imam Cheikh Ahmed Mohammad Al-Tayeb.