Néji Bghouri, prend-il le secteur des médias en otage ?

Néji Bghouri, prend-il le secteur des médias en otage ?

Une réunion qui devrait, en principe, consacrer la liberté d’expression, s’est transformée en rétention ou plutôt muselage.


Mercredi 14 février 2018, les représentants des différentes parties concernées par le projet de loi sur la communication audiovisuelle étaient réunis au siège du ministère de la Relation avec les instances constitutionnelles, la société civile et les droits de l’homme, pour échanger leurs visions et leurs approches, quand un incident est survenu. A l’origine, le président du syndicat national des journalistes tunisiens, snjt, Néji Bghouri.

Seul contre tous, tel le sauveur de l’univers, il s’est insurgé contre la présence de Sami Fehri, qui représentait la chaîne télé ‘’Elhiwar Ettounsi’’, l’accusant d’être impliqué dans une affaire de corruption et d’être à l’origine de dépassements ayant causé de grosses pertes à l’Etablissement de la télévision tunisienne.

De quel droit direz-vous et à quel titre, Bghouri se pose-t-il en juge et partie ? Jusqu’à preuve du contraire, il n’est que président du syndicat des journalistes et non magistrat au pôle judiciaire et financier.

Mais l’affaire ne s’est pas arrêtée à ce niveau, puisque Sami Fehri, ne voulant pas faire de vague, s’est retiré de lui-même et a laissé, Fadhel Ben Ammar, à la réunion, en tant que représentant de la chaîne.

Sami Fehri sort de la réunion, en silence

Et encore cette fois-ci, Bghouri est monté au créneau refusant la présence de Ben Ammar, sous prétexte qu’Elhiwar Ettounsi, n’a pas de statut légal. Prétexte vite détruit par Meriem Belkadhi, lors de son émission 24/7, du 14 février courant, qui a affirmé, haut et fort que si la chaîne était illégale, comment expliquer alors, la présence de Néji Bghouri, 2 jours plus tôt sur l’un de ses plateaux.

Samir Cheffi, secrétaire général adjoint à l’Ugtt, présent, ce jour-là a exprimé son étonnement du comportement des deux syndicats, celui de l’information relevant de la centrale syndicale et du snjt, lors de la réunion du mercredi. Selon lui, l’UGTT est toujours déterminée à défendre la liberté d’expression et l’ensemble des supports médiatiques respectant les lois, affirmant que ce n’est pas aux syndicalistes de vérifier le statut légal d’un média. C’est aux autorités compétentes de le faire.

Quant au Syndicat tunisien des médias, STDM, dont le président Nébil Karoui, était présent à la réunion, il vient de publier un communiqué en date du 15 février 2018, dans lequel il exprime son étonnement du comportement de Bghouri, qui a demandé à 2 membres du STDM, Sami Fehri et Fadhel Ben Ammar de quitter la réunion, sous peine de ne pas le voir y assister.

STDM: Nous vivons dans un Etat de droit

Le STDM attire l’attention de l’opinion publique quant à cet incident qui constitue un précédent grave, surtout si l’on se réfère aux raisons avancées par le président du snjt.

C’est pourquoi, le Syndicat tunisien des médias souligne que le secteur ne peut être sous aucune tutelle et qu’il refuse, formellement, toute ingérence dans ses affaires. Le communiqué explique que la chaîne ‘’Elhiwar’’, membre du syndicat jouit d’une représentativité légale et complète.

Dans ce contexte, le STDM dénonce, vivement, l’intervention arbitraire du président du snjt, dans sa composition élue démocratiquement, à travers la surenchère, le chantage, le refus de l’autre et de toute opinion différente. Le syndicat des médias rappelle que l’accusation de personnes et d’institutions, dans un Etat de droit, revient à la justice seule. ‘’Institution que nous respectons et dont nous saluons l’indépendance, tout en rejetant toute pratique visant à faire pression sur ce pouvoir important’’, lit-on encore dans le communiqué.