Nébil Karoui: La Haica est un danger pour la transition démocratique, en Tunisie

Nébil Karoui: La Haica est un danger pour la transition démocratique, en Tunisie

Les campagnes électorales municipales ont démarré en Tunisie, depuis le samedi 14 avril 2018. Il est tout à fait normal, que les médias audiovisuels jouent un rôle prépondérant et crucial dans la communication, en toute transparence, de l’information aux citoyens, sur tout le territoire de la République, d’une part, et la diffusion des programmes électoraux des partis politiques et des listes indépendantes, d’autre part. Cependant, la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA), voit les choses autrement et impose des conditions impossibles aux entreprises médiatiques privées, selon l’avis de tous les acteurs du secteur.


Le président du syndicat tunisien des dirigeants des médias, STDM, Nébil Karoui, a déclaré que ‘’la HAICA est loin d’assurer un rôle de régulation. Elle fait, plutôt de la censure, suivant un contexte politique’’, a-t-il affirmé, évoquant la sanction infligée au programme ‘’Khalil Tounes’’, amende de 280.000 dinars tunisiens (DT), un programme qui n’a aucun lien avec le monde politique.

Dans une déclaration au journal ‘’Acharaa al Magharibi’’, dans son numéro du mercredi 24 avril 2018, Nébil Karoui, a déclaré que la liberté d’expression est menacée aujourd'hui, citant l’amende de 4 mille DT infligée à la chaîne Elhiwar Ettounsi, à cause d’un sketch où on l’on parodie le président du SNJT, Néji Bghouri.

Le président du Syndicat des dirigeants des médias a fait remarquer qu’au sein de la Haica, il y a certains membres qui agissent à des fins personnelles et qui sont motivés par des idéologies. Ces derniers ont mis au point un règlement spécifique qui empêche (interdit aux) les médias privés de couvrir les élections.

La Haica est seule responsable de la situation qui prévaut

Selon lui, il s’agit d’une décision arbitraire qui n’a rien à voir avec le pluralisme et son application est du domaine de l’impossible. Nébil Karoui explique que pour parvenir à assurer la couverture de 2700 listes et les faire bénéficier d’un espace médiatique, nécessite de gros et grands moyens, logistiques et techniques, qui ne sont pas à la portée de toutes les institutions. D’où le risque auquel se trouve exposé le média qui consiste à le pénaliser, en cas de non-conformité aux dispositions du texte dudit règlement.

C’est pourquoi, a souligné, le président du STDM, que la chaîne Nessma s’est excusée auprès des différents partis politiques, des listes candidates et des Tunisiens pour le désagrément occasionné consistant à ne pas retransmettre les campagnes électorales, sous peine de subir un surcroît de pénalités de la part de la HAICA. ‘’Nous nous sommes trouvés confrontés à ce problème à cause de la Haica et de l’Isie, qui ont mis en danger et les élections et le processus de transition démocratique’’, a-t-il affirmé.

Evoquant la possibilité de revoir la décision des médias de revenir sur le boycott des campagnes électorales, Nébil Karoui a souligné qu'il a été convenu, au sein du syndicat, de laisser à tout média la liberté de prendre la décision qui lui sied. Il a estimé que pour des médias de la taille, de Nessma et d’Elhiwar Ettounsi, il est impossible d’appliquer le règlement de la Haica, bien que les deux institutions aient exprimé leur volonté d’assurer la couverture des campagnes. La Haica est seule responsable de la situation, a-t-il précisé.

Le président du STDM, a appelé les partis politiques et l’ARP à accélérer l’adoption du projet de loi sur la Communication audiovisuelle, soumis par le gouvernement, et à procéder à la dissolution de la Haica et son remplacement par une instance constitutionnelle, exprimant sa foi en l’avenir.