Les politiciens sont-ils masochistes ?

Les politiciens sont-ils masochistes ?

Il faut vraiment être maso pour faire de la politique dans ce pays ! Quel que soit le poste occupé, ou le parti auquel on appartient, on est jugé, critiqué, offensé à longueur de journée. On se fait insulter et trop souvent traîner dans la boue, sans possibilité de se défendre tant les attaques sous la ceinture sont nombreuses.


Alors pourquoi certains s’évertuent à supporter ce supplice ? Pourquoi continuent-ils une carrière politique aléatoire, où les alliances sont problématiques et les bouleversements quotidiens ?

Certains se sont confiés à nous et leurs réponses sont étonnantes. Il y a celui qui voulait ‘’servir le pays et contribuer à le sortir de sa situation actuelle’’. C’est donc tout naturellement vers une association qu’il s’est dirigé. Comme il avait fait des études de droit, il a été happé par un parti de centre-droite, ce qui a flatté son ego. On lui a confié plusieurs dossiers et il s’est peu à peu laissé séduire par l’intérêt qu’il suscitait auprès de ses camarades.

Avec le temps, une montée d’adrénaline va le pousser à s’engager plus, à apprendre à comploter pour monter en grade, à rabaisser les autres pour se faire une place importante dans la hiérarchie du parti. Il rêvait de devenir ministre « et plus si affinités » comme on disait jadis dans les petites annonces de rencontres. Il était souvent absent de chez lui et quand il rentrait tard, il sombrait dans un sommeil profond, trop fatigué pour faire l’amour à sa femme…

Il y avait aussi l’inconvénient de ces réunions interminables où on se retrouve obligé de participer à des débats moroses où il est question d’alliances, de tactiques pour monter sur le dos de ses adversaires, d’élections à remporter, même si à l’arrivée le parti ne dépassera pas zéro virgule quelques décimales. Un parti qui se veut une grande famille, mais qui n’est en réalité qu’un cirque où chacun tire la couverture à soi.

Et puis il y a les médias et les réseaux sociaux, ces portes voix où il faut trouver sa place, sinon on n’existe pas. Ces agoras cathodiques sont souvent les lieux de débats houleux, avec des mots qui blessent et des petites phrases qui tuent. Mais c’est là que les politiciens se font connaitre du grand public, puisqu’une seule émission équivaut à des dizaines de réunions et en plus cela ne coûte pas cher. Il faut juste savoir placer les arguments qui tranchent et les chiffres qui dérangent les adversaires. Tout un art !

Il faut aussi parler du militant politique qui est encore plus masochiste que les cadres de son parti. Il rappelle par son comportement le supporter d’une équipe de football : il se déplace, il crie, il se fatigue et en fin de compte il ne gagne rien. Ce sont les autres, politiciens ou footballeurs qui raflent la mise, qui s’enrichissent, qui ont les postes importants. Ils ne sont que quelques centaines, voire quelques dizaines dans chaque parti, car ces derniers sont trop nombreux pour avoir des milliers d’adhérents. D’ailleurs personne n’est capable de les nommer tous !

Et pour répondre à la question de départ : oui, ceux qui s’adonnent à la politique sont masochistes, mais ils sont nécessaires !

Rachid Fazaâ