Le stock d’eau dans les barrages en forte baisse

Le stock d’eau dans les barrages en forte baisse

Les réserves d’eau stockées dans les barrages est en forte baisse, malgré les récentes pluies. Au jour d’aujourd’hui, mardi 13 février 2018, elles se situaient à un peu plus de 749 millions de m3, tous barrages confondus, soit plus d’un quart de moins que l’année dernière à la même date (1073 M3), selon les chiffres officiels du ministère de l’Agriculture, actualisés au jour le jour et que publie son observatoire national ( www.onagri.nat.tn ).


L’écart s’accentue davantage en comparaison avec la moyenne des trois dernières années, à 749 m3, contre 1203 m3, soit un déficit de 454 millions. Plus du tiers manque à l’appel.

L’exemple qui illustrerait le mieux cette tendance, qui commence à être préoccupante, est celui du barrage de Sidi Salem, de loin le plus grand ouvrage hydraulique du pays, avec sa capacité de rétention de 450 millions de m3. Aujourd’hui, mardi 13 février, il est aux trois quarts vide, à seulement 131 millions de m3.

Pour autant, la situation est-elle alarmante ou risque-t-elle de le devenir ? Tout porte à croire qu’on en est pas encore là. Les autorités n’ont pas tiré la sonnette d’alarme même si elles ne cessent, le ministre de l’Agriculture en tête, d’appeler la population à l’économie d’eau. Mais il y a régulièrement, depuis quelques années, des alertes récurrentes, pas toujours prises au sérieux par les Tunisiens. A l’été 2017, le gouvernement a été à un doigt de décréter le rationnement de l’eau. Nous avons tous en mémoire les centaines de sit-in, souvent avec blocage des routes, qui avaient fait florès un peu partout dans le pays, parfois même dans de grandes villes, en protestation contre les coupures d’eau à répétition.

Toujours pour l’eau, il y a eu aussi la grogne des agriculteurs, eux qui ont été dissuadés de pratiquer les cultures gourmandes en eau dans les périmètres « autrefois irrigués », la priorité ayant été accordée aux besoins en eau potable de la population.

Sans les barrages, la situation serait assurément dramatique. La Tunisie n’en avait hérité que deux à l’Indépendance, celui de Béni Mtir, en contrebas des hauteurs habituellement bien arrosées d’Ain Draham, et surtout celui de Mellègue, aujourd’hui (mardi 13 février 2018) presque vide à moins 5 millions de mètres cubes, pour une capacité de 55 millions. La Tunisie a compris tôt l’ampleur de l’enjeu qu’il avait de se doter d’un réseau de barrages pour voir mobiliser le maximum des eaux de ruissellement, par définition limitées dans un pays semi-aride comme le nôtre. Et ce fut l’épopée de la construction de barrages pour réduire le risque des aléas pluviométriques. L’un des plus récents, le barrage de Sidi Barraq, près de Nefza, jauge aujourd’hui, 13 février 2018, 160 millions de mètres cubes, contre 120 millions de plus l’année dernière à la même date. Il est le 2e du pays après celui de Sidi Salem en termes de capacité. Mais il y a aussi le fameux Bouherthma, Berbera, Sejnane, Joumine et bien d’autres, il est vrai en déficit ces deux dernières années.

Heureusement que les Tunisiens ont leurs barrages, donc. Malgré tout et malgré la crise de l’eau qui commence à prendre une dimension planétaire, ils rassurent.