Gianni Buquicchio : « Le décret 117 ne respecte pas les principes d’un état d’urgence démocratique »

Gianni Buquicchio : « Le décret 117 ne respecte pas les principes d’un état d’urgence démocratique »
Gianni Buquicchio, président de la Commission européenne pour la démocratie par le droit (dite Commission de Venise) a accordé une interview exclusive à La Presse, qui vient de paraitre aujourd’hui, vendredi 8 octobre 2021. Lors de cet entretien, Gianni Buquicchio a déclaré que « Le décret 117 ne respecte pas les principes d’un état d’urgence démocratique ».

Il a souligné que « le décret 117 ne contient aucune limite temporelle, élimine le Parlement qui devrait exercer le contrôle de l’exécutif, ne limite pas l’étendue des pouvoirs présidentiels à la solution d’une crise déterminée ».

Selon Gianni Buquicchio, « La déclaration de l’état d’exception du 25 juillet 2021 a, à mes yeux, une particularité inquiétante : bien qu’effectuée pendant la pandémie du Covid-19 qui a poussé un grand nombre de pays à déclarer l’état d’urgence, elle ne vise pas la gestion de la pandémie. »

D’après ses dire, elle vise plutôt la solution d’un problème très profond et très étendu de dysfonctionnements des institutions de l’État et de corruption à large échelle parmi les décideurs politiques.

« Mais cette situation ne correspond pas à la définition de grave danger qui menace la vie de la nation, qui est accepté dans les États démocratiques comme justification pour déroger aux équilibres constitutionnels. Une telle situation ne peut être résolue par une déclaration d’état d’urgence et par le gel d’activités des autres institutions étatiques. », a-t-il déploré.

« Faire appel au peuple en dehors de ces cadres, faire appel à ses émotions et à son ras-le-bol de la situation actuelle présente de graves risques pour la démocratie. » a souligné le président.

Répondant à une question du journaliste de La Presse, il a conseillé qu’« Une lutte sans merci contre la corruption devra être menée, et ceux qui en sont responsables devront être punis au terme de procès équitables. »

Néanmoins, « Suspendre une Constitution ne donne aucune garantie du retour à la normale et ne donne aucune garantie de redevabilité de l’exécutif pour les actions menées pendant cette suspension. », a-t-il fait savoir.

« Je suis d’avis que le premier pas vers la recherche d’une solution devrait être le rétablissement de la démocratie représentative. La situation ne correspond pas à la définition de grave danger qui menace la vie de la nation, qui est accepté dans les États démocratiques comme justification pour déroger aux équilibres constitutionnels. »