Ahmed Nejib Chebbi convoqué par le juge d'instruction dans l'affaire du "Complot contre l'Etat"

Dans cette publication le comité de défense des prisonniers politiques détenus et d'accusés dans divers affaires de complot a appelé les avocats à se mobiliser pour la défense de leur confrère Ahmed Nejib Chebbi et dénoncer les dérives judicaires dans une affaire montée de toute pièce.
Ahmed Nejib Chebbi, 79 ans, est un avocat et homme politique tunisien. Militant de gauche et figure de l'opposition tunisienne, il participe en 1983 à la fondation du Rassemblement socialiste progressiste, l'un des partis politiques tunisiens créés à la suite des élections législatives de 1981 puis légalisés après le 7 novembre 1987. Il dirige le parti prenant par la suite le nom de Parti démocrate progressiste. En 2006, après 23 ans passés à la tête de la formation, il cède son poste de secrétaire général à Maya Jribi.
Il effectue son cycle primaire à l'école franco-arabe de l'Ariana, dans la banlieue de Tunis, puis son cycle secondaire chez les Pères blancs puis au lycée Carnot de Tunis, où il obtient son baccalauréat scientifique en 1964. Il débute des études supérieures en médecine à Paris, avant de les abandonner deux ans plus tard au profit du droit à la faculté de Tunis. Il est, à cette époque, très actif au sein du syndicat étudiant de l'Union générale des étudiants de Tunisie. Lors du congrès de Gabès, il représente la tendance « progressiste ».
Arrêté en 1966 et jugé par la Cour de sûreté de l'État, il est condamné en 1970 à onze ans de prison. Gracié en mars 1970, il est placé en résidence surveillée.
Le 4 février 1971, il s'exile en Algérie où il s'inscrit en faculté de droit, puis part en France l'année suivante pour se consacrer exclusivement au militantisme au sein du mouvement Perspectives - L'Ouvrier tunisien, une organisation clandestine d'extrême gauche.
En 1977, il rentre définitivement en Tunisie avec un groupe d'autres militants dont Sihem Bensedrine et Naji Marzouk. Au terme de ses différents procès, il a été condamné à un total de 32 ans de prison.
En septembre 1983, il fonde le Rassemblement socialiste progressiste (RSP), légalisé en 1988. Le RSP est rebaptisé Parti démocrate progressiste (PDP) en juin 2001. Le 18 octobre 2005, Chebbi entame une grève de la faim avec sept autres personnalités de la société civile tunisienne lors de la tenue du Sommet Mondial sur la Société de l'Information en Tunisie. Les grévistes réclament l'arrêt de la « politique répressive » à l'égard des avocats, des magistrats, des journalistes, des défenseurs des droits de l'homme et de tout « esprit critique » en Tunisie.
Le 25 décembre 2006, il cède la direction du parti à Maya Jribi, tout en restant membre du bureau politique du parti. Il est par ailleurs directeur de publication de l'organe du PDP, l'hebdomadaire Al Mawkif, et chargé des « relations internationales et arabes » du parti.
En 2009, il tente de se présenter à l'élection présidentielle malgré le fait qu'il ne remplisse pas les critères fixés à l'occasion du scrutin. Un mois avant le dépôt officiel des candidatures, il annonce renoncer, en dénonçant ce qu'il considère comme un scrutin faussé.
Après la chute du régime de Zine el-Abidine Ben Ali, le 14 janvier 2011, il est brièvement nommé ministre du Développement régional et local au sein du nouveau gouvernement avant de démissionner le 1er mars.
Le 23 octobre 2011, il est élu membre de l'Assemblée Nationale Constituante dans la circonscription de Tunis 2. Suite à l'annonce de la fusion du Parti démocrate progressiste, avec notamment Afek Tounes et le Parti républicain, il est élu, le 9 avril 2012, comme président de la haute instance politique de la nouvelle formation dénommée « Parti républicain ».
Rappelons que plusieurs personnalités politiques et activistes sont détenus dans diverses affaires de complot contre l'état et autres affaires de corruption. voici la liste:
Khayam Turki : Lobbyiste, homme politique, ancien d’Ettakatol et président de l’association politique « Joussour » (passerelles), on lui reproche notamment d’avoir organisé, à son domicile, des réunions entre différentes personnalités politiques et avec des ambassadeurs étrangers. Il aurait également eu plusieurs communications téléphoniques avec des diplomates. Il est détenu depuis le 11 février 2023.
Abdelhamid Jlassi : Ancien membre dirigeant du parti Ennahdha, il aurait eu des rencontres avec des étrangers originaires de pays puissants à qui il aurait demandé de cesser tout soutien au régime actuel. Il est détenu depuis le 11 février 2023.
Noureddine Bhiri : Avocat, député, chef du bloc du parti Ennahdha au parlement et ancien ministre de la Justice, il lui est reproché d’avoir prononcé un speech hostile au régime lors d’une manifestation. Il est détenu depuis le 13 février.
Lazhar Akremi : Avocat, activiste politique et ancien secrétaire d’État à l’Intérieur, il lui est reproché d’avoir des contacts suspects avec des personnes citées dans l’affaire de complot contre l’État avec qui il aurait été question de soutiens étrangers pour faire tomber le régime. Il est détenu depuis le 13 février.
Ridha Belhaj : Avocat, ancien dirigeant du parti centriste Nidaa, ancien président du parti Tounes Awalan, ancien secrétaire d’Etat, ancien chef de cabinet de l’ancien président Béji Caïd Essebsi, il lui est reproché d’avoir eu des contacts avec une diplomate étrangère. Il est détenu depuis le 24 février.
Issam Chebbi : Huissier notaire, président du parti de gauche Jomhouri, ancien député, il lui est reproché d’avoir eu des contacts avec une diplomate étrangère. Il est détenu depuis le 22 février.
Chaïma Issa : Activiste au sein du Front de Salut, il lui est reproché d’avoir eu des contacts avec une diplomate étrangère. Elle est détenue depuis le 22 février 2023 et elle est l’unique femme arrêtée, pour le moment, dans l’affaire du complot contre l’État.
Jaouhar Ben Mbarek : Enseignant universitaire, politicien et dirigeant au Front de Salut, il lui est reproché d’avoir eu des contacts avec une diplomate étrangère. Il est détenu depuis le 22 février 2023.
Ghazi Chaouachi : Avocat, député, ancien ministre et ancien président du parti centriste Attayar, il lui est reproché d’avoir eu des contacts avec une diplomate étrangère. Il est détenu depuis le 24 février 2023.
Rached Ghannouchi : ancien président du parlement et président du parti iEnnahdha. Il lui est reproché des déclarations dans une soirée ramadanesque où il a dit que la Tunisie risque la guerre civile si on écarte l’islam politique ou la gauche de la vie politique.
Ses propos sont considérés comme un acte criminel d'agression préméditée destinée à changer la structure de l'État ou amener la population à s'affronter avec des armes et à attiser l'agitation, les meurtres et les vols et l’unité centrale de lutte contre les crimes liés aux technologies de l'information et de la communication est chargée d’enquêter sur son affaire.
Il a été arrêté le 17 avril 2023 et le juge d’instruction du 33e bureau près le Tribunal de première instance de Tunis a émis le 20 avril 2023 un mandat de dépôt à son encontre.
Rached Ghannouchi est également poursuivi dans d'autres affaires, notamment celle d'Instalingo. Il a été convoqué le 9 mai 2023 par le Tribunal de première instance de Sousse 2, mais il a refusé de comparaître.
Le juge d'instruction en chef du deuxième bureau du tribunal a émis le même jour un mandat de dépôt à son encontre.
Mohamed Chniba : cadre au sein du parti Ennahdha, il a été arrêté la même soirée que Rached Ghannouchi, sur instruction du parquet du pôle antiterroriste. Les raisons de son arrestation sont ignorées.
Ali Larayedh : Dirigeant du parti islamiste Ennahdha, ancien chef du gouvernement, ancien Premier ministre, il est impliqué dans l'affaire dite des réseaux d'embrigadement. Il n'aurait pas mis suffisamment de moyens pour empêcher les Tunisiens de rejoindre les réseaux terroristes en Syrie et en Irak. Il est détenu depuis le 19 décembre 2022.
Kamel Letaïef : Lobbyiste, homme politique et chef d’entreprise, on lui reproche d’avoir eu des entretiens avec des ambassadeurs étrangers et d’avoir proposé à des diplomates le nom de Mustapha Kamel Nabli pour la présidence du gouvernement en cas de changement de régime. Il est détenu depuis le 11 février 2023.
Ahmed Mechergui :ancien député d’Ennahdha et ancien chef de cabinet de Rached Ghannouchi quand il était président de l’ARP. Interpellé tôt durant la matinée du 19 avril 2023 et auditionné le lendemain 20 avril par le juge d'instruction près le Tribunal de première instance de Tunis. Il fait partie de la liste des personnes accusées de complot contre la sûreté intérieure de l’État.
Mosbeh Kardamin : ancien gouverneur de Gabes, limogé le 30 mars 2023, il est poursuivi dans quatre affaires : poursuite d’exercice de ses fonctions après son limogeage, l'octroi d'autorisations de taxis individuels, l’octroi d'autorisations de vente de fourrage et des soupçons de fausses déclarations à propos d’un accident de la route.
Il est en prison depuis le 6 avril et a été condamné en un temps record, le 13 avril, à trois mois de prison ferme pour la première affaire.
Mohamed Ben Salem : dirigeant du parti Ennahdha, ancien député et ancien ministre. Il est accusé de tentative de passage illégal des frontières, de détention de devises et de la somme de douze mille dinars. Il est en prison depuis le 3 mars 2023, bien que les charges retenues contre lui ne justifient pas la détention, d’après ses avocats. Sa famille dément l’accusation de passage illégal de frontières puisqu’il aurait été arrêté à plus de cent kilomètres des frontières avec cinq autres personnes, toutes en prison.
Ahmed Laamari : dirigeant du parti Ennahdha, il a été arrêté avec Mohamed Ben Salem dans l’affaire du franchissement illégal des frontières.
Habib Ellouze : dirigeant du parti Ennahdha et ancien député, il est arrêté depuis le 2 mars 2023. Les motifs de son arrestation demeurent inconnus, son avocat a écarté la possibilité qu’il soit détenu dans l’affaire de complot contre l’État, mais n’a donné aucun élément expliquant la détention de son client.
Mohamed Ali Laroui : ancien porte-parole du ministère de l’Intérieur, il a été arrêté dans le cadre de l’affaire « Instalingo », une sombre affaire d’un réseau d’influence et de propagations de fausses informations et/ou d’informations contre le régime. Il est en prison depuis le 17 juin 2022.
Sayyed Ferjani : dirigeant d’Ennahdha et ancien député, il est arrêté dans le cadre de l’affaire « Instalingo » depuis le 27 février 2023.
Riadh Mouakher : ancien dirigeant de Tahya Tounes et Afek, ancien député et ancien ministre, il est poursuivi sur la base de l'article 96 du code pénal, portant sur la procuration d'avantages injustifiés par un fonctionnaire public. Il est en prison depuis le 28 février 2023. Ses avocats et sa famille demeurent très discrets quant à son dossier.
Walid Jalled : ancien député et dirigeant au parti Nidaa Tounes, il est suspecté d'être impliqué dans une affaire de blanchiment d'argent. Il est détenu depuis le 14 février 2023.
Rached Khiari : ancien dirigeant du parti El Karama et ancien député, il est poursuivi dans plusieurs affaires de diffamation, d’injures, de faux et d’usage de faux, aussi bien par le régime que par des particuliers. Il est une des rares personnalités politiques dont la détention n’est pas considérée comme une injustice, tant ses crimes sont connus de tous quand son camp était au pouvoir. Il est en prison depuis le 3 août et a déjà été condamné dans deux sur les huit affaires qui pèsent sur lui.
Youssef Nouri : membre du parti Ennahdha. Interpellé tôt durant la matinée du 19 avril 2023 et auditionné le lendemain 20 avril par le juge d'instruction près le Tribunal de première instance de Tunis. Il fait partie de la liste des personnes accusées de complot contre la sûreté intérieure de l’État.
Sahbi Atig : membre du parti i Ennahdha et ancien député, il a été interpellé le 6 mai 2023 à l'aéroport Tunis-Carthage alors qu'il embarquait vers Istanbul où il devait participer à un séminaire. Depuis, il est arrêté pour des motifs inconnus.
Abdelmajid Ezzar : président renversé de l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche, il a été arrêté le 8 mai 2023. Il a protesté fortement au moment du putsch qui a frappé son organisation et a essayé de se maintenir à son poste en faisant valoir sa légitimité. Des élections, jugées illégales et non conformes aux normes, ont été organisées afin de le déloger de la présidence et le remplacer par un cacique du régime.
Mohamed Rayen Hamzaoui : ancien maire d'Ezzahra. En prison depuis le 30 mai, après un mandat de dépôt émis à son encontre par le juge d’instruction près le pôle antiterroriste dans le cadre d’une nouvelle affaire de complot contre la sûreté de l’État impliquant l’ancienne cheffe du cabinet présidentiel, Nadia Akacha.
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