Pétrole : Riyad a réduit drastiquement les prix

Pétrole : Riyad a réduit drastiquement les prix
Pour punir la Russie de ne pas avoir accepté de réduire sa production de pétrole et contrer l’impact négatif du Coronavirus, Riyad a décidé de réduire drastiquement ses prix. 

Lundi 9 mars 2020, le prix du baril de pétrole chute de 30%. C’est sa plus importante baisse journalière depuis la guerre du Golfe de 1990-1991. 
Ce choc est dû à un affrontement entre l’Arabie saoudite et la Russie.

Face aux problèmes économiques engendrés par le coronavirus, l’Arabie saoudite a organisé la semaine dernière une réunion des pays de l’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole + la Russie) pour relancer le marché moribond du pétrole
Riyad voulait obtenir un accord sur une baisse importante de la production pour maintenir les prix à un niveau acceptable. Ce fut un NON définitif de la part de la Russie qui avait pourtant conclu en 2016 une alliance avec l’Arabie saoudite sur les niveaux de production de pétrole.

Selon Michael Bradshaw(spécialiste des questions énergétiques)Moscou “ne veut pas réduire sa production, car les Russes craignent de perdre des parts de marché et ne plus profiter de la manne pétrolière » (La Russie produit 12% du pétrole mondial.)

Le royaume saoudien, acteur dominant du jeu pétrolier, accepte mal l'affront de la Russie, ‘’Il réagit alors en punissant l’intégralité du marché, ouvre le robinet à pétrole et inonde le marché avec sa production à bas prix, "Une attitude qui existe depuis près de quarante ans pour défendre ses parts de marché et faire plier ceux qui ne se rangent pas derrière elle”, rappelle Dawud Ansari (expert en politique énergétique).
Toute la question est de savoir si la pétromonarchie va gagner son bras de fer avec la Russie. Riyad mise sur son atout majeur : la compagnie d'État ‘’SaudiAramco continue à engranger des bénéfices même avec un baril à 30 dollars”, souligne Marc-Antoine Eyl-Mazzega, (directeur du centre énergie et climat l’Institut français des relations internationale).
Seulement le combat est beaucoup moins déséquilibré qu’on pourrait le croire : ‘’La Russie a pu constituer des réserves financières grâce au prix du baril qui s’est maintenu à 40 dollars’’, explique Marc-Antoine Eyl-Mazzega. 

Même si l’Arabie saoudite tente de diversifier son économie, son budget demeure pétro-dépendant à 90 %. Par ailleurs, ce précieux hydrocarbure lui permet de s’acheter la paix sociale. À cet égard, ‘’le pouvoir russe reste plus stable’’, reconnaît Dawud Ansari.


Pour les experts interrogés, cette guerre des prix pétrole pourrait bien faire les affaires de Moscou.