Les autorités russes commencent la destruction des produits alimentaires sous embargo

Les autorités russes commencent la destruction des produits alimentaires sous embargo

La Russie a commencé jeudi, 6 Aout 2015, à détruire les produits alimentaires européens et américains sous embargo, conformément à un décret du Kremlin et malgré une levée de boucliers dans la société civile et chez des personnalités de tous bords.


Depuis près d'un an, la Russie interdit l'importation de la plupart des produits alimentaires des pays qui la sanctionnent pour son rôle présumé dans la crise ukrainienne, une décision qui affecte particulièrement le secteur agricole européen. Ces produits, qui étaient jusqu'à présent simplement renvoyés dans leur pays d'origine par les douanes, seront désormais détruits sur place par les autorités, qu'ils soient saisis à la frontière ou dans les magasins.

L'agence sanitaire russe Rosselkhoznadzor a annoncé jeudi matin une première saisie de 73 tonnes de pêches et de nectarines à la frontière bélarusse, qui transitaient sous un faux certificat turc et seront par conséquent détruites. Un autre chauffeur, transportant 1,5 tonne de tomates sans certificat et contrôlé à la même frontière, a quant à lui pris peur et détourné son camion du poste-frontière pour retourner au Bélarus, selon l'agence Ria Novosti. Une première destruction de 114 tonnes de viande de porc européenne sous embargo avait eu lieu mardi à Samara (centre) comme démonstration de la détermination des autorités.

Mercredi, des personnalités de tous horizons politiques sont toutefois montées au créneau contre la destruction de ces produits, appelant à leur redistribution aux nécessiteux. Le chef du Parti communiste russe Guennadi Ziouganov a notamment regretté une « mesure extrême », tandis que l'avocat Evguéni Bobrov, membre du Conseil des droits de l'Homme du Kremlin, a dénoncé « une proposition arbitraire ». Une pétition signée par plus de 250.000 personnes sur le site internet Change.org réclame elle aussi que la nourriture saisie soit donnée « aux anciens combattants, aux handicapés, aux familles nombreuses et à ceux qui ont souffert des récents désastres naturels ». Le quotidien russe Vedomosti a dénoncé pour sa part jeudi dans un éditorial une « barbarie ostentatoire » et une « guerre absurde contre la nourriture en période de crise économique ».

Les autorités, qui accusent des pays tels que le Bélarus ou le Kazakhstan d'introduire sur le territoire russe des produits européens sous embargo en les faisant passer pour des produits locaux, espèrent que quelques cas de destruction suffiront à décourager les personnes tentées d'enfreindre l'embargo.