La crise libanaise s'aggrave après l'échec du vote du parlement pour élire un président pour la 12ème fois
L'impasse a ouvert une nouvelle ligne de fracture sectaire, opposant le Hezbollah musulman chiite, soutenu par l'Iran et lourdement armé, à des factions chrétiennes, dont son propre allié, Gebran Bassil, qui a soutenu le responsable du FMI, Jihad Azour, à la présidence.
Ni Azour ni le candidat soutenu par le Hezbollah, Suleiman Frangieh, n'ont réussi à remporter les 86 voix nécessaires pour gagner au premier tour. Azour, directeur du FMI pour le Moyen-Orient et ancien ministre des Finances, a obtenu le soutien de 59 des 128 législateurs. Frangieh en a obtenu 51.
Le Hezbollah et ses alliés se sont alors retirés de la session, niant le quorum des deux tiers requis pour un second vote où 65 voix suffisent pour la victoire.
Le président du Parlement chiite, Nabih Berri, un allié du Hezbollah, n'a pas prévu de nouvelle session. Cela laisse le Liban sans moyen immédiat de pourvoir un poste vacant depuis la fin du mandat du président Michel Aoun, allié du Hezbollah, en octobre.
Azour a remercié les législateurs qui l'ont soutenu, disant qu'il espérait que la volonté exprimée par "la majorité des députés" serait respectée.
Le député du Hezbollah Hussein al-Haj Hassan a déclaré que le groupe était prêt pour le dialogue mais qu'il s'en tenait à Frangieh, un ami du président syrien Bachar al-Assad.
George Adwan, un député chrétien du parti anti-Hezbollah des Forces libanaises, a déclaré que le vote était "une grande victoire" car il a montré à Azour près de 65 voix.
Mais avec le parlement fracturé, les analystes disent que l'impasse pourrait maintenant nécessiter le type d'intervention étrangère qui a résolu les crises passées au Liban, y compris l'accord de 1989 négocié en Arabie saoudite qui a mis fin à la guerre civile.
Des sources politiques libanaises ont anticipé qu'une nouvelle détente entre l'Arabie saoudite et l'Iran pourrait se jouer au Liban, mais affirment qu'elles n'ont pas encore ressenti de pression alors que d'autres questions - dont la guerre au Yémen - prennent le pas. Un envoyé français nouvellement nommé est attendu à Beyrouth la semaine prochaine dans le cadre d'un effort de médiation.
TENSIONS SECTAIRES
"Vous ne pouvez pas rester dans cette situation", a déclaré Mohanad Hage Ali du Carnegie Middle East Center, notant que les prochaines décisions de l'État incluaient l'accord d'un remplaçant pour le gouverneur de la banque centrale Riad Salameh, qui fait face à des accusations de corruption qu'il nie. Son mandat se termine en juillet. Le Liban n'a pas de cabinet pleinement habilité depuis les élections législatives de l'année dernière. Le Hezbollah, désigné groupe terroriste par les États-Unis, a déchaîné une rhétorique féroce contre Azour, le décrivant comme un candidat à la confrontation.
Le mufti chiite libanais Sheikh Ahmad Qabalan a multiplié les attaques sans nommer Azour, l'accusant d'être soutenu par Israël et déclarant qu'"un président avec un cachet américain ne sera pas autorisé". Azour, 57 ans, a déclaré vouloir l'unité nationale et des réformes. Il a été ministre des Finances de 2005 à 2008, une période de conflit politique opposant un gouvernement soutenu par l'Occident et l'Arabie saoudite à des opposants dirigés par le Hezbollah alignés sur Damas.
Cette crise a abouti à un conflit en 2008, le Hezbollah s'emparant d'une grande partie de Beyrouth. La crise financière a été causée par des décennies de corruption et de dépenses démesurées par des politiciens au pouvoir dont les intérêts acquis ont entravé toute mesure visant à y remédier. Le Cabinet a adopté une feuille de route de rétablissement en mai 2022, malgré les objections des ministres du Hezbollah. Le FMI a critiqué le Liban pour ses progrès très lents dans la mise en œuvre des réformes.
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