La corruption qatarienne touche les Nations Unies

La corruption qatarienne touche les Nations Unies
Lorsqu’en fin mai dernier, les procureurs français ont accusé Yousef al-Obaidly, un homme d'affaires qatarien, de corruption présumée, la vague a déferlé jusqu'au siège des Nations Unies à New York.

Al-Obaidly, directeur général de BeIN Media, aurait eu recours à des pratiques de corruption dans le but d’influencer le processus d’attribution des championnats du monde d'athlétisme et des Jeux olympiques de 2020. De même, le journal français Le Monde nous apprenait en novembre 2016 qu'un ancien responsable de l'Association internationale des fédérations d'athlétisme (IAAF) avait reçu deux paiements totalisant environ 3,5 millions de dollars de la part d’investisseurs qatariens juste avant le vote pour l’attribution des championnats du monde 2017.


Selon le Guardian, ‘’Papa MassataDiack, consultant en marketing de l'IAAF disgracié, a discuté par e-mail d’un transfert d'argent avec un compte géré par Sheikh Khalid bin Khalifa Al-Thani peu de temps avant les paiements de 3,5 millions de dollars. Al-Thani est membre de la famille royale et chef de cabinet de Tamim bin Hamad Al Thani, qui était alors prince héritier et qui est aujourd’hui l'émir du Qatar’’.


Ces paiements ont en fait été effectués par Oryx Qatar Sports Investments. Cette société de médias, appartenant à Al-Obaidly, a fait fortune grâce aux droits de diffusion et aux licences de télévision, BeINMedia étant étroitement liée au fonds. Alors que les championnats de l'IAAF ont finalement été attribués à Londres, les enquêtes se poursuivent et mettent en évidence le mépris flagrant du Qatar pour le droit international et, plus grave encore, son recours à la corruption d’Etat.


Même la propre unité anti-corruption qatarienne semble être corrompue. Son président en est la parfaite illustration. Ali Bin Fetais Al Marri, président du conseil d'administration du ‘’Centre de droit et de lutte contre la corruption’’ (ROLACC), et également procureur général du pays, est propriétaire de plusieurs biens qui sont, selon toute vraisemblance, au-dessus des moyens d’un fonctionnaire qatarien. Avec un salaire mensuel maximum de 12 000 dollars, comment expliquer que ce dernier ait pu acheter un hôtel particulier de 9,6 millions d’euros à Paris près de l'Arc de Triomphe, une villa de 7 millions de Francs Suisses à Cologny, le quartier plus cossu de Genève, et qu’il loue un bureau pour 3,69 millions de Francs Suisses (3,74 millions USD) à la ROLACC dans la ville suisse ?


Comment ne pas trouver absurde que le fondateur de la ROLACC - et apparemment le principal responsable de la lutte contre la corruption au Qatar - ait pu profiter de la location de ses biens genevois à l’agence anti-corruption ? 


ROLACC a signé un accord sur la lutte contre la corruption dans le sport avec l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) en janvier dernier, deux mois avant que les accusations contre Yousef al-Obaidly soient prononcées par les tribunaux français. Mais cette institution et son créateur, coupables des pires dérives, ternissent par leurs actionsl’image d’une organisation comme les Nations Unies, voire de la décrédibilisent complètement. 


De nombreux pays sont aujourd’hui les bailleurs de fonds de l’ONUDC. Mais comment accepter que leurs contribuables subventionnent des fonctionnaires internationaux qui signent des partenariats avec des organisations douteuses ? Une puissante délégation comme celle des États-Unis auprès des Nations-Unies devrait utiliser son pouvoir considérable pour réformer l’ONUD