Irak : Les Kurdes votent aujourd’hui et s’acheminent vers la scission

Irak : Les Kurdes votent aujourd’hui et s’acheminent vers la scission

Les Kurdes d'Irak ont commencé à vote aujourd’hui, lundi 25 septembre 2016 afin de se prononcer, oui ou non, sur leur indépendance, en dépit de vives oppositions à Bagdad et à l'étranger.


Il s’agit d'un référendum historique qui doit ouvrir la voie à un État pour lequel ils luttent depuis près d'un siècle, la majorité des Kurdes étant acquis au "oui"

Si les résultats du scrutin, prévus 24 heures après la fermeture des bureaux, ne font aucun doute, le président de la région autonome Massoud Barzani a prévenu que le vote ne n'entraînerait pas immédiatement l'annonce de l'indépendance mais plutôt le début de "discussions sérieuses avec Bagdad".

Initié par M. Barzani, ce référendum se tient non seulement dans la région autonome du Kurdistan (nord), qui comprend les provinces d'Erbil, Souleimaniyeh et Dohouk, mais aussi dans des zones disputées avec le gouvernement central irakien.

Cette consultation constitue toutefois un pari risqué car le Premier ministre irakien, Haider al-Abadi, a clairement fait savoir qu'il prendrait "les mesures nécessaires" pour préserver l'unité du pays.

Des pays voisins comme la Turquie et l'Iran, inquiets de voir leurs minorités kurdes suivre l'exemple, ont aussi menacé de représailles. Le président iranien Hassan Rohani s'est entretenu par téléphone dimanche soir avec M. Abadi pour réitérer son "soutien total", selon l'agence iranienne Irna.

Les bureaux de vote sont ouverts jusqu'à 18H00 (16H00 HT) pour permettre aux quelque 5,3 millions d'inscrits de se prononcer.

Au total, 12.072 bureaux de vote ont été installés dans la région autonome du Kurdistan et dans les zones disputées.

Ainsi, dans la riche province pétrolière de Kirkouk et dans celle de Ninive, comme dans celles de Dyala et Salaheddine, au nord de Bagdad, plus de deux millions d'électeurs sont appelés à se rendre dans les 4.869 bureaux de vote.

A Kirkouk, les mosquées ont lancé du haut des minarets des appels à aller voter, mais l'affluence était limitée.

Le résultat ne fait aucun doute: les Kurdes, partagés entre l'Irak, la Syrie, l'Iran et la Turquie, n'ont jamais accepté le traité de Lausanne de 1923 les privant d'un État indépendant sur les dépouilles de l'empire ottoman.

Lors d'une conférence de presse dimanche dans sa capitale d'Erbil, Massoud Barzani s'est montré inflexible.

"Le partenariat a échoué avec Bagdad et nous ne le reprendrons pas. Nous sommes arrivés à la conviction que l'indépendance permettra de ne pas répéter les tragédies du passé", a-t-il martelé d'une voix calme mais ferme.

"Nous nous attendons à des réactions d'un côté ou de l'autre, mais nous en sommes venus à une conviction: quel que soit le risque et le prix, c’est mieux que d'attendre un sombre destin", a-t-il argué.

Il a toutefois réaffirmé qu'une victoire du "oui" ne serait que le début "d'un long processus" vers l’indépendance, se disant prêt à négocier avec Bagdad les frontières de son Etat.

Intervenant au même moment depuis Bagdad dans un discours solennel, le Premier ministre irakien a refusé le divorce.

"Prendre une décision unilatérale affectant l'unité de l'Irak et sa sécurité ainsi que la sécurité de la région (...) est contre la Constitution et la paix civile", a-t-il insisté.

Un peu plus tôt, parmi les pays voisins, l'Iran avait pris une première mesure de rétorsion en interdisant tous les vols avec le Kurdistan irakien, à la demande de Bagdad.

La Turquie a déjà averti que les représailles auraient des volets "sécuritaire" et "économique", pendant que son armée a intensifié ses manœuvres à la frontière.

Bagdad a demandé dimanche à tous les pays de ne traiter qu'avec lui pour toutes les transactions pétrolières. Le Kurdistan produit en moyenne 600.000 barils par jour dont 550.000 b/j sont exportés via Ceyhan en Turquie.