Irak : Au ''oui'' pour l’indépendance du Kurdistan, il y a un '' mais… ''
Si le verdict du référendum sur l'indépendance du Kurdistan irakien ce, attendu ce soir, mardi 26 septembre 2017 ne fait aucun doute, la majorité des Kurdes étant acquis au "oui", leur rêve d'indépendance chéri depuis un siècle ne devrait pas, lui, devenir réalité dans un futur proche.
Le président du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, a en effet affirmé que ce vote ne serait pas aussitôt suivi d'une déclaration d'indépendance mais marquerait le début de "discussions sérieuses" avec Bagdad pour régler les contentieux.
Mais ces "discussions" seront tendues et le risque d'escalade est grand face au refus du pouvoir central de voir l'Irak amputé de sa région nord.
Dans l'attente des résultats, la tension est encore montée avec Bagdad, qui a ordonné le déploiement de l'armée dans les zones disputées entre le pouvoir central et cette région actuellement autonome.
Quelques heures à peine après le début du vote lundi, le Parlement irakien à Bagdad, en présence des députés arabes et en l'absence de leurs camarades kurdes, a voté une résolution "exigeant du commandant en chef de l'armée (le Premier ministre Haider al-Abadi) de déployer des forces dans toutes les zones" disputées par Bagdad et la région du Kurdistan.
Ces régions sont la riche province pétrolière de Kirkouk et des secteurs de celle de Ninive, de Dyala et de Salaheddine. La plupart avaient été conquises par les peshmergas, les combattants kurdes, en 2014, à la faveur du chaos qui a régné dans le pays après l'offensive des jihadistes du groupe Etat Islamique (EI).
"S'il y a des affrontements dans ces zones, la tâche des forces fédérales sera d'appliquer la loi", a précisé le porte-parole du bureau du Premier ministre irakien à l'AFP.
Constitutionnellement, le gouvernement est tenu de se conformer à ce vote des députés, mais ce déploiement n'avait pas encore été constaté lundi sur le terrain.
A l'étranger, ce scrutin organisé par M. Barzani a encore été largement critiqué lundi.
"Les Etats-Unis sont profondément déçus de la décision du gouvernement régional du Kurdistan de mener aujourd'hui un référendum unilatéral sur l'indépendance", a indiqué lundi soir un communiqué du département d'Etat, craignant que ce scrutin "augmente l'instabilité et les difficultés" de la région.
Les "Etats-Unis soutiennent un Irak uni, fédéral, démocratique et prospère", a insisté ce communiqué.
Ce référendum, sévèrement dénoncé par le Premier ministre irakien comme une "décision unilatérale affectant l'unité de l'Irak et sa sécurité ainsi que la sécurité de la région", a également été rejeté par la Turquie, la Syrie et l'Iran, trois autres pays comptant des minorités kurdes.
Pour Bagdad, Ankara, Damas ou Téhéran, le risque est clair: que ce scrutin fasse tâche d'huile et que la carte de la région, dessinée après la Première guerre mondiale sur les dépouilles de l'Empire ottoman, ne soit redessinée. C'est cette même carte, issue du traité de Lausanne de 1923, que les Kurdes n'ont jamais acceptée, voyant alors leur Etat rêvé morcelé en quatre.
A New York, le chef de l'ONU Antonio Guterres s'est répété lundi "préoccupé" par le risque de déstabilisation, appelant au "dialogue et à des compromis".
Face au défi lancé par les Kurdes d'Irak, l'Iran a aussitôt fermé sa frontière aérienne avec leur région, par laquelle était acheminé le fioul kurde vers les marchés du Golfe.
La Turquie a également annoncé la prochaine fermeture de sa frontière terrestre avec le Kurdistan. De même Ankara a menacé de stopper les exportations pétrolières du Kurdistan, ce qui asphyxierait presque totalement l'économie de cette région.
Depuis l'échec d'un plan de partage de ses revenus pétroliers avec Bagdad, le Kurdistan exporte 550.000 de ses 600.000 barils quotidiens via l'oléoduc qui relie Kirkouk au terminal turc de Ceyhan (sud).
Les 12.072 bureaux de vote installés à travers le Kurdistan irakien ont fermé à 17h00 HT (19h00 locales) lundi, après la prolongation d'une heure de la consultation face à l'afflux des votants.
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