De fait, la Tunisie n’a jamais atteint son équilibre céréalier. L’État a eu recours de façon continue aux importations pour satisfaire les besoins de sa population, alors que les prix mondiaux des céréales connaissent de fortes variations et un dinar tunisien qui enregistre une forte dépréciation par rapport au dollar américain passant de 1,438 (31/01/2011) à 3,2829 (10/11/2022).

Sur la période 2011-2022, la Tunisie a importé en moyenne annuelle 2,14 millions de tonnes de céréales pour une valeur moyenne de 1,37 millions de dinars par an. Selon l’ONAGRI, la Tunisie importe, en moyenne sur la période 2018- 2021, 93% de sa consommation en blé tendre, 67% en orge et 40% en blé dur.

En Tunisie, les céréales constituent l’aliment de base de la population tunisienne dont le régime alimentaire est caractérisé par une forte consommation de produits à base de céréales. Selon l’INS1 ces dernières procurent 49,2% des calories, 50,9% des protéines, 42,5% du fer et 19% du calcium2 . La flambée des prix des céréales, des engrais et de l’énergie, suite à la guerre en Ukraine a provoqué d'importantes perturbations de l'approvisionnement et entraîné des prix historiquement élevés pour un certain nombre de produits de base. Cette situation a impacté négativement les ménages, particulièrement les pauvres et les vulnérables. Toutefois, il est difficile d'identifier et d'atteindre ces ménages qui se trouvent d'emblée dans une situation précaire et risquent d'être laissés pour compte.

Par rapport à d'autres pays africains, la Tunisie souffre encore d'un manque de numérisation, ce qui rend difficile l'évaluation du nombre de personnes marginalisées et leur inclusion dans les bases de données et les programmes de transferts monétaires et de filets de sécurité sociale, ainsi que dans les projets d'entrepreneuriat. Il convient de noter qu'en raison de la pandémie et des mesures d'urgence prises par le gouvernement, de fortes pressions ont été exercées sur les finances publiques en raison de l'augmentation des dépenses publiques en faveur du secteur de la santé, des entreprises et des ménages. La guerre en Ukraine a aggravé les difficultés budgétaires et le déficit de la balance commerciale.