Choisi pour représenter le Royaume-Uni aux Oscars : Le film qui raconte l’histoire d’une héroïne pakistanaise rurale

Armée d’un Kalachnikov, elle fait face, la nuit depuis son toit à 200 hommes armés. Une scène survenue il y a 12 ans, qui a valu à Nazo Dharejo le surnom de "femme la plus coriace du Pakistan". Le film, "My Pure Land" a porté son histoire au grand écran.
Sorti en septembre au Royaume-Uni, le film n'a connu pour l'instant qu'un succès d'estime dans les salles. Mais Londres l'a désigné pour représenter le pays aux Oscars. Le jury américain annoncera en janvier s'il fait partie des heureux nominés.
L'incroyable histoire de Nazo Dharejo, 48 ans, démarre par la mort de son père, un petit propriétaire terrien et agriculteur, lui-même né d'un père polygame, dans un village de la province pauvre, rurale et conservatrice du Sindh, dans le sud du Pakistan.
Les oncles et cousins éloignés de Nazo décident alors d'accaparer les terres familiales, au nom de l'ascendance de l'héritier sur l'héritière dans certaines traditions rurales. La querelle a déjà fait plusieurs victimes, dont l'unique frère de Nazo, tué en 1992. Ses deux sœurs et elle, élevées dans l'égalité homme-femme, refusent de se soumettre.
Une chaude nuit d'août 2005, quelque 200 hommes armés entourent la maison, pensant la conquérir par l'intimidation. Les trois sœurs n'en ont cure. Elles se postent sur le toit, Kalachnikov à la main. Et tirent.
"Je les tuerai ou je mourrai ici mais je ne m'en irai pas", assure avoir dit l'héroïne à son mari, qui lui demandait d'abdiquer. L'époux restera sur place et prêtera main-forte aux trois femmes, également aidées de quelques amis et voisins. Le personnel de maison, lui, courra de pièce en pièce pour apporter des munitions aux assiégées. Jusqu'à dispersion des assaillants, au lever du jour.
Cinq ans après la bataille, la justice a contraint les agresseurs à payer à Nazo Dharejo un demi-million de roupies (environ 12.000 DT environ) et, disgrâce ultime au Pakistan, à lui présenter leurs excuses publiques.
Née dans une famille conservatrice, Nazo n'a d'abord eu comme seule éducation que le Coran, étudié à domicile. Puis elle a persuadé son père de l'autoriser, ainsi que ses sœurs, à apprendre l'anglais. Pas à pas, Nazo s'est hissée jusqu'à l'université. Elle est diplômée en économie.
Mais ses études ont constamment été menacées par la lutte pour les terres familiales, dans un pays où le système agricole demeure largement féodal, miné par les inégalités et où la force prévaut souvent sur la loi.
Nazo y a gagné le surnom de "Waderi", une féminisation du titre honorifique "Wadera", seulement dévolu aux hommes. Aux yeux de tous, elle est désormais une "dame". Un "arbre immense protégeant ceux qui l'entourent de son ombre apaisante", décrit son mari.
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