Ramadan : Le mois du gaspillage…

Le mois de Ramadan est en principe celui de l’abstinence et de la frugalité. Sauf que dans la réalité, cela ne se passe pas du tout comme ça. Il y a cette consommation effrénée et illogique, avec des files interminables dans les supermarchés, poussant des caddies remplis à ras bord de tout et surtout de n’importe quoi, à croire que nous sommes à la veille d’une pénurie générale.
Il y a ces marchés populaires où règne une anarchie indescriptible, avec de la ‘’tabouna’’ ou de la ‘’malsouka’’ étalés sur des cartons au bord des trottoirs et exposés aux gaz d’échappement des voitures. Il y a ces légumes et ces fruits palpés, malaxés, triturés par chaque acheteur et qui deviennent fanés et gâtés, ce qui provoque la colère des vendeurs. Les insultes les gros mots et parfois les agressions physiques viennent alors couronner la scène sous le regard des femmes et des enfants.
Il y a aussi ces commerçants qui augmentent artificiellement les prix de toutes les denrées juste avant Ramadan et qui vous annoncent avec aplomb que c’est le principe de l’offre et de la demande. C’est le cas des fruits et légumes, mais surtout de la viande et du poisson dont les prix dépassent les limites de la décence.
Il y a ces administrations dont les agents sont plus souvent au marché qu’au bureau. Un gaspillage de temps inconcevable et qui va se poursuivre durant les deux mois de l’été… Et puis il y a tous ces véhicules qui bouchonnent sur tous les axes routiers et dans tous les quartiers des grandes villes. Tout n’est que bouchons, klaxons, stress et énervement. Une majorité de ces automobilistes sont censés être au bureau, mais ils se débrouillent toujours pour sortir et aller faire leurs achats.
Puis vient le rituel de la rupture du jeûne : on boit un verre d’eau et on mange une datte, symbole de frugalité. Une austérité de courte durée puisqu’un nombre incroyable de plats vont défiler, suivis de plusieurs desserts et autres sucreries tout au long d la soirée : thé, ‘’Zlabia’’, ‘’Bouza’’ … L’estomac n’a qu’à se débrouiller pour résoudre cette équation gargantuesque à plusieurs inconnues.
Le nombre de personnes qui vont subir des problèmes de santé monte en flèche durant le mois de Ramadan, avec des complications liées au diabète, à la pression artérielle ou aux problèmes cardiaques. Quand on sait que les besoins quotidiens d’un adulte pratiquant une activité normale sont de trois mille calories en moyenne, on comprend mieux les aberrations de cette façon de consommer autant, sur une durée si courte.
Chaque soir, durant ce mois, les tunisiens ingurgitent dix fois plus de calories que ce que leur corps exige. Déjà qu’un grand nombre de tunisiens et de tunisiennes sont en surpoids en temps normal, durant ce mois, ils vont prendre plusieurs kilos, car ils passent la soirée assis devant la télé ou au café à jouer aux cartes.
Un chiffre pour terminer : durant le mois de Ramadhan, la consommation par habitant dépasse 100 kilos d’aliments divers… C’est tout de même bizarre pour un mois où l’on est censé jeûner et faire preuve d’abstinence et d’austérité !
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