Premières déceptions…

Premières déceptions…

C’est l’histoire d’un petit garçon qui demande à son père : papa, notre maison est très jolie, mais le quartier n’est pas très beau et les enfants des voisins sont méchants. Est-ce qu’on ne peut pas emmener notre maison dans un autre quartier, plus chic ?
 


Le père regarde son fils et répond : c’est impossible, mon fils ! La maison est construite en béton, avec des fondations au sol. Si on la bouge, elle s’effondre. L’enfant n’a rien dit, mais il était un peu déçu de ne pas voir son père exaucer ses vœux…


Quelques jours plus tard, il regardait, avec son père, un documentaire à la télévision, qui parlait de la construction d’une nouvelle autoroute aux Etats-Unis. Un hôtel datant du 18ème siècle s’est trouvé placé sur le tracé. Un monument historique que les habitants de la région appréciaient beaucoup et qu’ils ne voulaient pas voir détruit.


Les ingénieurs ont alors décidé de placer de grands rouleaux sous ses fondations et de le déplacer de quelques kilomètres, loin de l’autoroute. Le documentaire montrait tous les détails de cette opération délicate, mais qui s’est terminée avec succès…
Ce jour-là, le fils a regardé son et père et n’a rien dit. Ce jour-là, le père s’est senti petit, tout petit, si petit…


Tous les matins, une foule colorée prend d’assaut routes, bus et métros pour s’en aller travailler durant de longues heures. Les femmes sont fraîches, parfumées, pomponnées, pleines d’entrain et remplies d’espoir. Les hommes sont rasés de près, partant à l’assaut de la bonne affaire, à la conquête d’horizons nouveaux. Chaque matin renait la confiance, l’optimisme, l’espoir d’une journée riche en rencontres, qui leur permettraient de sortir du quotidien et de la routine.


Elles rêvent de rencontrer quelqu’un de différent, qui viendrait apporter une touche de lumière à leur vie morose. Ils espèrent trouver celle qui fera palpiter leur cœur refroidi par tant déceptions. La nouveauté, l’autre, l’inconnu est toujours attirant, porteur d’espoirs et de rêves fous, car le quotidien est trop banal et seul le rêve et les fantasmes leurs permettent de tenir le coup.


Et s’égrènent les heures, semblables, quelconques, insignifiantes, ordinaires, banales comme tous les autres jours. Aucune petite étincelle ne viendra éclairer la journée de sa lumière intense, aucun regard ne viendra susciter une émotion nouvelle. Pas de coup de fil. Pas de rencontre. Pas d’espoir…


Puis rougissent les rayons du soleil. Les espoirs flétrissent et tombe le soir vite, trop vite. Fatigués, fanés et usés, tous ces espoirs déçus reprennent le bus, le métro, la voiture et rentrent dans leur lointaine banlieue pour dormir seul ou mal accompagnés, dans ce grand lit froid.


Encore une journée sans surprises, sans promesses, sans tendresse, sans amour… Encore une journée perdue, un bout de vie gâché, des espoirs déçus, alors que les jours et les heures défilent à un rythme accéléré. Pourquoi le bonheur c’est toujours pour les autres ? Et quand donc la vie va-t-elle s’apercevoir qu’on existe aussi ?


Alors on se blottit dans son lit et on redevient petit, tout petit, si petit…