Plantez un arbre !

Plantez un arbre !

Après les campagnes de nettoyage et de peinture de nos trottoirs, une campagne nouvelle campagne se profile : il s’agit cette fois de planter douze millions d’arbres, soit un arbre pour chaque tunisien.

C’est à l’occasion de la Fête de l'Arbre que l’on est appelé à ce geste écologique, qui aura lieu le deuxième dimanche du mois de novembre et qui se poursuivra jusqu’au 31 mars 2020 ans certaines régions.


On demande simplement aux tunisiens participer au reboisement de tous les espaces, de planter un arbre dans leur jardin, dans leur rue, dans leur école… Ces arbres sont disponibles gratuitement dans les directions régionales relevant du ministère de l’Agriculture.

Si cette opération réussit et si ces arbres survivent à la sècheresse, aux intempéries et surtout au vandalisme, notre pays aura retrouvé une partie de ce qui le caractérise depuis des millénaires : la verdure dont il tire son qualificatif de « Tounès El Khadhra » (Tunisie la verte).

L’absence de verdure est en effet devenue un thème récurrent dans notre pays depuis quelques années, suite aux incendies, au déboisement anarchique, à l’urbanisation rampante, voire galopante. Des éléments qui ont contribué à transformer la Tunisie en zone semi-désertique.

Selon une source officielle, Tunis compte plus de mille hectares de zones vertes, ce qui donne une surface verte par habitant dépassant quatorze mètres carrés de verdure par habitant. Des chiffres qu’il faut tempérer selon que l’on habite dans une zone résidentielle ou dans un quartier populaire, saturé de béton et de briques rouges…

Le seul poumon de la capitale, à savoir le parc du Belvédère, est en train de se faire grignoter progressivement avec des constructions en béton, des murs d’enceinte, des espaces de loisirs, en plus du parc zoologique qui ronge les espaces verts chaque jour un peu plus.

Il faut évoquer aussi le problème du vieillissement des arbres dans toutes les villes et qui sont rarement remplacés, car les municipalités n’ont pas les moyens de le faire, ou pire encore, les trottoirs sur lesquels ils étaient implantés sont occupés par des commerces et des cafés.

Autre problème : il faut suivre le développement des jeunes plants, d’autant plus que le taux de réussite des programmes de boisement urbain s’élève à 60% dans le meilleur des cas. Le reste, c'est-à-dire près de la moitié, ne verra jamais la lumière du soleil et n’offrira jamais d’ombre et d’air frais.

Les tunisiens sont trop peu sensibilisés à l’importance des espaces verts. Au-delà du rôle écologique et économique des forets, il faut se souvenir que les arbres et les forêts ont inspiré les conteurs de jadis, ils ont passionné les poètes et donné au romantisme ce lyrisme mélancolique si attachant.

L'avenir climatique du monde et donc de la Tunisie dépend de ces campagnes de reboisement qui doivent être doublées d’actions de sensibilisation dans les écoles, les médias et diverses autres organisations qui s’occupent des jeunes. Notons enfin que certains citoyens ont attiré l’attention des pouvoirs publics sur le fait que des sociétés de plantation et d'environnement récoltent beaucoup d’argent, sans qu’aucun arbuste ne soit planté.

Une escroquerie qui vient s’ajouter à la longue liste des actions malhonnêtes où les tunisiens sont très créatifs !

Rachid Fazaâ