Nids de poules…

Nids de poules…

L’infrastructure routière tunisienne comprend un réseau classé avec 640 Km d’autoroutes et près de 20 000 Km de routes, dont 14 000 goudronnées, la moitié étant héritées de l’époque coloniale.


Mais nos routes sont trop souvent mal conçues, mal réalisées et surtout mal entretenues. Ailleurs, les automobilistes se plaignent des nids de poules, mais nous, on a des nids d’autruches. En effet, au lieu d’une vision à long terme, les travaux ressemblent souvent à un rafistolage permanent. Une situation qui crée un grand désarroi chez les automobilistes et qui provoque de nombreux accidents.

Les grandes routes sont placées sous la responsabilité du ministère de l’Équipement, alors que dans les villes, ces sont les municipalités qui doivent se charger de l’entretien de la chaussée. L’été avec des envies de ruées vers les plages et les soirées nocturnes, mais qui hélas, finissent parfois par des pneus explosés et des accidents causés par le mauvais état de nos routes, quoi qu’en disent les statistiques officielles.

Le plus étonnant, c’est que les responsables retiennent rarement l’état des routes comme responsable des accidents, préférant dénoncer la vitesse excessive et les dépassements dangereux. Ils ne prennent pas en compte les trous dans la chaussée que les conducteurs évitent par un coup de volant à la dernière minute ou les dos d’âne mal signalés et qui les obligent à freiner brutalement.

Et comme les voitures coûtent de plus en plus cher, après une année passée sur les routes, la plupart des véhicules se dégradent à cause des chocs subis suite au mauvais état des routes, causant de graves dommages à l’avant train dont les pièces sont hors de prix. Dans ce cas précis, ce sont les amortisseurs qui prennent la majorité des chocs. Ils finissent par s’affaiblir ou par casser et c’est tout l’avant train qu’il faut remplacer.

Et comme si les défauts de nos chaussées ne suffisaient pas, sur de nombreuses routes, ou à l’entrée des villages, des ralentisseurs ont été installés sans obéir aux normes, à supposer qu’il y en ait. C’est criminel ce que font certains responsables municipaux ou même certains citoyens, en installant des ralentisseurs trop hauts et sans indication claire de cet obstacle dangereux. En plus, ils sont pratiquement invisibles la nuit. Pour vous en convaincre, observez le nombre de taches d’huile autour de ces ralentisseurs dues à des boites de vitesses explosées par les chocs contre les dômes d’asphalte.

Et puis il y a cet autre problème bien de chez nous : les travaux effectués sur des routes qui viennent d’être rénovées et asphaltées. C’est généralement le moment que choisissent divers intervenants comme la SONEDE, la STEG ou l’ONAS pour entreprendre des travaux. Le problème c’est qu’ils rebouchent mal les fossés creusés, qui deviennent très vite d’énormes nids de poules…

Bien sûr, les municipalités se réveillent après de nombreuses plaintes pour venir reboucher ces trous. Mais elles le font si mal et avec des moyens si primitifs, que tout est à recommencer quelques semaines plus tard. Le plus affligeant dans cette histoire, c’est l’absence de solutions durables, de perspectives claires, avec des municipalités dépassées et des décideurs qui n’offrent que des solutions provisoires et des replâtrages.

Or ce qui manque à ce pays, c’est une vision à long terme et des décideurs qui vont sur le terrain au lieu de rester enfermés sous les climatiseurs…