Le dernier, pour la route…
Notre passé est sinistre, notre présent est invivable, heureusement que nous n'avons pas d'avenir. Proverbe Serbe
C’est ma dernière chronique sur le site de Nessma. Voici donc quelques remarques générales sur l’état de notre pays qui me paraissent importantes.
Depuis quelques années, une partie du peuple tunisien semble être sous hypnose, agissant comme des moutons de Panurge alors que le pays glisse lentement vers le Moyen Âge. Ce qui est triste, c’est de constater que les partis continueront à se déchirer pour avoir la plus grosse part du gâteau. Les blocs parlementaires vont continuer leur guéguerre stérile. La lutte contre la corruption continuera à être un vœu pieux…
Le programme gouvernemental à venir n’apportera rien de nouveau. Pour preuve, voici quelques lapalissades annoncées dans ce programme et qui ne mèneront à rien : on parle du ‘’renforcement de la sécurité’’, du ‘’développement de la gouvernance’’, de ‘’la lutte contre la pauvreté’’, ‘’du développement de l'éducation’’, de ‘’l'amélioration des services de santé’’. Bref, on vous promet tout et n’importe quoi, un exercice du niveau d’un élève du secondaire surpris par une interrogation imprévue.
Or nous savons tous que les prix vont continuer à augmenter, que l’endettement va atteindre des sommets, que le Dinar va dégringoler encore et encore. On nous prédit que les prix des carburants vont encore augmenter, que les retraités seront encore spoliés de leurs droits, que des grèves plus ou moins légitimes viendront perturber la marche hésitante d’une Tunisie malade.
Les déséquilibres régionaux vont s’accentuer avec encore plus d’exode rural et de désertification de nos campagnes. L’ouest du pays sera encore confronté au péril djihadiste et en proie à des difficultés économiques et sociales inextricables. Les jeunes diplômés vont continuer à subir les affres du chômage. L’administration continuera à souffrir d’un trop plein de fonctionnaires aussi paresseux qu’incompétents.
Autre grand drame créé par la révolution : nous vivons dans un brouhaha qui n’apporte rien au pays, une cacophonie qui ne fait qu’augmenter les tensions sociales. C’est une époque où la raison est devenue inaudible, où l’objectivité est inexistante et l’analyse des faits un exercice philosophique que personne ne comprend plus.
Après avoir tant parlé, souvent pour dire n’importe quoi, il est temps que les Tunisiens apprennent à se taire et qu’ils se mettent au travail. Car si le silence est d’or en temps normal, il devient encore plus précieux en cette époque de bavardage excessif où tout le monde a une opinion, des analyses, des informations plus ou moins intéressantes, faites de buzz et de fake-news, juste pour nuire aux adversaires potentiels.
Le seul espoir, bien maigre en réalité, vient de la société civile, composée de citoyens qui veulent le bien de la Tunisie, qui tentent de servir le pays au lieu de s’en servir comme les autres. La récente campagne de boycott contre les prix prohibitifs de certains produits de consommation, comme les pommes de terre ou les bananes ont été un excellent exemple des potentialités de ces mouvements citoyens.
Mais ce rayon de soleil est bien mince face aux malversations infinies de ceux qui manigancent dans l’ombre. Comme le disait l'historien grec Thucydide : ‘’l'histoire est un perpétuel recommencement’’. La peur des uns et la cupidité des autres finira par ruiner le pays. Comme toujours...
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