La monnaie virtuelle…une nécessité

Et si l’argent liquide disparaissait ?

Et si l’argent liquide disparaissait ?

Une question mérite d’être posée, car elle résoudrait une grande partie de la corruption qui gangrène notre pays depuis trop longtemps : et si l’argent liquide disparaissait ?


Une question peut paraître saugrenue dans un pays où un chèque peut dormir un bon bout de temps dans les tiroirs, avant d’être encaissé par son destinataire Un pays où le réseau informatique est trop lent et souvent en panne, avec cette formule bien de chez nous : « Errizou tayah ». Certes de plus en plus de tunisiens utilisent leur carte bancaire pour payer leurs achats, mais cela reste limité dans les grandes villes et chez une frange de la société.
Bien sûr il y a toujours un risque, notamment une grande panne électrique ou l’apparition d’un virus informatique, qui bloquerait les transactions. Mais c’est aux banques de se protéger contre ces cyber attaques et aux législateurs du monde entier de durcir les sanctions contre ces pirates du Web.
Vous avez certainement vu ces photos de centaines de paquets de billets empaquetés et disposés en tas impressionnants par des trafiquants tunisiens. Ce sont des sommes qui servent à payer des malversations en tous genres, de l’argent sale qui sert souvent à enrichir les corrompus, fuyant toute déclaration et ne payant aucun impôt. La disparition des espèces sonnantes et trébuchantes éviterait de nombreux petits trafics, de nombreuses malversations…
Ailleurs, plusieurs pays sont en train de passer au tout numérique, comme la Suède, qui est à l’avant-garde de cette tendance. L’argent liquide ne représente plus que 1% du PIB de ce pays, alors qu’il représente en moyenne 10% en Europe. Pendant ce temps, la Tunisie continue à imprimer des millions de billets et surtout à en changer trop fréquemment, ce qui coûte de l’argent. C’est le serpent monétaire qui se mord la queue ! 
Finie la monnaie sonnante et trébuchante, les billets, les espèces, le liquide, le cash, les pièces : tout un pan de notre langage qui disparaît et toute une face cachée de notre économie souterraine qui apparaît. En effet, la monnaie virtuelle est relativement facile à tracer, elle permet de lutter contre l’exil fiscal et le blanchiment d’argent. Il faut surtout imposer un plafond assez bas pour les payements en liquide, comme cela se fait sous d’autres cieux, avec des résultats concluants.
Les spécialistes évoquent une grande résistance à ce choix de l’argent dématérialisé, avec comme argument principal le fait que de nombreux tunisiens ne parviendront pas à utiliser la monnaie virtuelle, notamment les plus âgés et ceux qui sont analphabètes. Mais il suffit de les informer via des spots télévisés pour qu’ils apprennent ces nouvelles technologies, comme ils ont appris l’utilisation des portables.
Autre argument évoqué pour freiner ce mode de payement : le surendettement dans lequel certaines personnes pourraient sombrer. En effet, certains ne savent pas freiner leur fièvre acheteuse et ils consomment avec beaucoup plus avec la monnaie virtuelle. Il y a donc une éducation à faire à ce niveau afin de réapprendre à dépenser sans se ruiner.
La généralisation de la monnaie virtuelle est donc une nécessité et même une urgence. Mais cela demande du courage politique et c’est ce qui manque le plus dans ce pays depuis la révolution…