De la Naissance d’une dictature…

De la Naissance d’une dictature…

Tout pouvoir tente de façonner la société pour la rendre obéissante et docile. Cela va du petit chef pour atteindre les sommets de l’Etat. Lentement, mais surement, la dictature s’infiltre dans l’esprit des gens pour les transformer en moutons, qui broutent le peu de nourriture que leur laissent les puissants et qui doivent en plus les remercier pour leur générosité.
 


La dictature tente d’abord de s’enraciner en cultivant le mythe des traditions, et en entretenant le culte du savoir archaïque auquel on fait référence dans chaque discours, pour que les esprits acceptent tout et n’aient pas envie de changement. Ce savoir est généralement dépassé par la science, mais on s’y accroche, car il est entretenu par des discours nébuleux.
Pour que s’installe une dictature, on va décréter que toute réflexion, toute analyse objective est une perte de temps. Résultat : les penseurs et les intellectuels sont mis au ban de la société, car ils remettent en cause les certitudes que l’on veut inculquer au bon peuple.

Les artistes, les poètes les philosophes sont eux aussi rejetés, reniés, car ils pensent et ils créent, alors qu’il n’y a qu’un seul créateur autorisé à le faire. Le sens critique doit être banni car dans une dictature, il n’y a pas de nuances : c’est noir ou blanc et aucun débat ne doit remettre en cause cette vision du monde.

 Ne pas être d’accord est une dissidence, une trahison même, qui peut perturber la bonne marche du système. Les dissidents doivent donc être réduits au silence. Le maître mot dans une dictature c’est l’intolérance et le refus de la différence. D’ailleurs tout ce qui est différent est considéré comme ennemi. Ceux qui ne pensent pas comme le système sont des traîtres.
Il y a ensuite le culte du passé glorieux avec ses actes héroïques. On glorifie également les sacrifices qui se terminent par une mort « utile », alors qu’il faudrait célébrer la vie. Par contre, la dictature méprise les pauvres. Souvenez vous de la fameuse phrase du Cheikh : Dieu n’aime pas les pauvres … Ce sont des êtres de basse classe dans un monde où la richesse définit la valeur des êtres humains. Plus généralement, toute faiblesse est vulnérabilité.

Le principal récepteur des idées de la dictature et la principale victime, c’est la classe moyenne. Elle est perméable à toutes les formes de la manipulation, car elle est moyenne en tout : les revenus, mais aussi le savoir, la culture, la capacité d’analyse…
Sous un régime dictatorial, l’éducation est réduite au minimum nécessaire et même le langage est limité à quelques centaines de mots. Une pauvreté sciemment organisée afin de neutraliser toute pensée critique qui remettrait en cause les fondements du système. La violence est l’arme ultime de la dictature. Une violence présentée comme dernier recours, comme une nécessité pour protéger le bon peuple.

Même lorsqu’elle est chassée du pouvoir, la dictature tente toujours de revenir sous des apparences innocentes, promettant de remettre les choses à leur place. C’est pour cette raison qu’il faut rester vigilants, afin de décoder ses nouvelles formes et de démasquer ses instigateurs.
Alors ouvrons l’œil avant que la dictature ne s’enracine à nouveau sous nos cieux, sous nos yeux…